Built to Spill : Mon Top

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Des années après, c’est toujours You in Reverse qui m'apparaît comme le meilleur album de Built to Spill. Bien sûr, il faut voir ce que je mets derrière ce qualificatif de “meilleur”, car en fait je le trouve meilleur selon mon humeur, et selon ce que je recherche. Si je veux un album mélodieux, homogène, chill mais jamais mou, c’est vers cet album que je me tourne. You in Reverse est leur meilleur album de leur seconde partie de carrière. C'est-à-dire une musique qui sait désormais marier les mélodies apaisées et les longues plages de guitares énergiques de manière subtile et homogène et avec une maîtrise exceptionnelle. L’esprit teen a définitivement disparu. Pas de chansons rêches. Rien de dissonant, rien d’énervé. La guitare est reine, elle se déverse en mélodies légères sur des morceaux dépassant souvent les 5min, et finit toujours pas se développer naturellement. Pas de ruptures violentes, pas de mélanges audacieux. You in Reverse est d’apparence simple. Mais c’est parce que Doug Martsch a atteint une fluidité qui rend sa musique limpide, quand bien même chaque morceau est progressif. Comme si Martsch avait toujours tendu vers cette pureté là. S’il fallait trouver un titre représentatif, je citerais “Gone”.

https://www.youtube.com/watch?v=Vve-fDvwy0s

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Pour rétablir la balance, je place There is nothing wrong with love direct en deuxième place. Il est l’autre versant de Built to Spill. C’est un vrai album de teen rock des années 90. Impertinent, bordélique, énergique. Certains morceaux semblent vraiment sortir d’un album de Weezer. Sauf qu’il y a un truc. Une chose qui fait d’eux un peu mieux qu’un groupe de campus. Ce truc, ce sont les compositions qui prennent plus de liberté. On est en 94, et Doug Martsch est déjà en train de repousser les limites de sa musique. On croit entrer dans un album teenage comme on en a entendu mille, puis certains morceaux nous prennent par surprise. Des arpèges mélodieux comme “Fling”, des trucs finement composés comme “Car”, des balades légèrement fangeuses et dissonantes comme “Cleo”. Des trucs à la fois fougueux et recherchés comme “Stab”. Si leur premier album osait déjà des structures audacieuses, leur deuxième ose un son plus varié. Doug Martsch est un excellent guitariste. Et si je devais définir grossièrement le Built to Spill des débuts, je dirais que c’est Weezer en mieux. Weezer en plus intelligent, plus fin, plus varié.

https://www.youtube.com/watch?v=Lg-m-7FkjVA

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La discographie du groupe est passionnante parce que chaque album marque une étape de leur évolution. Si bien qu’on pourrait presque deviner l’ordre de leur sortie, rien qu’en les écoutant. Keep it like a secret est leur album névralgique. L’album où tout est là à la fois : le Built to Spill d’avant et d’après. La musique tient à la fois de la power pop et du teen rock progressif. Les chansons sont lumineuses, guillerettes, rythmées, elles ont encore une énergie faite de ruptures, de lentes montées en puissance, etc. Mais elles ont surtout des des guitares uniques. Des longues mélodies électriques, qui s’étirent, se superposent, s’épaississent, virent soudainement de ton. La guitare électrique est omniprésente, elle enveloppe tout.

https://www.youtube.com/watch?v=BQR_w0m99bQ

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Aujourd’hui pour moi il est difficile de départager Keep it like a Secret et Perfect From Now On. Les deux sont associés. Perfect From Now On est leur troisième album. Il a encore un pied dans le rock rêche de leurs débuts - qui prend ici pas mal de place - mais il démontre aussi des structures intelligentes. Des morceaux comme “I Would Hurt a Fly” et “Stop the show” prennent par exemple un malin plaisir à alourdir la musique, la faire un peu rampante, puis à la faire monter en puissance avant d’éclater dans des éclaircies teenage. Naturellement, certains fans le considèrent comme le meilleur album du groupe. Le plus intéressant et atypique, et quelque part c’est vrai. Lui et Keep it like a secret marquent le sommet de leur première partie de carrière.

https://www.youtube.com/watch?v=ygU0gLko39U

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C’est leur tout premier album. Je dois être l’un des rares types à l’aimer. Je me le suis même acheté en vinyle. C’est pourtant un album loin de ce qu’ils feront plus tard. Déjà, on note une chose : ça sonne sale. Le chant de Doug n’est pas clair et propre comme sur les albums qui suivront. Les guitares, elles, sont brouillonnes, crasseuses. En revanche, les mélodies et les structures des morceaux sont bonnes. Incroyablement bonnes même. En fait cet album sonne comme du Dinosaur Jr, mais un Dinosaur Jr qui aurait choisi d’éclater les structures habituelles, de faire une musique plus recherchée, plus libérée et folle. Là où les groupes de teen rock se reposent souvent sur des riffs simples, des structures en couplet-refrain faciles, et une guitare énergique, Built to Spill complexifie l’équation. Ils cassent l’énergie avec une guitare acoustique, ils installent des longueurs, ils sautent vers des riffs heavy, bref ils font ce qu'ils veulent. Et ça donne ce Ultimate Alternative Wavers, au son fougueux classique pour l’époque, mais aux évolutions mélodiques étonnantes pour un album de ce genre.

https://www.youtube.com/watch?v=Ne1vNTsPOms

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On revient ici à leur seconde partie de carrière, There is no Enemy et proche de You in Reverse dans ses structures, mais plus doux dans ce qu’il propose. Beaucoup de balades, de berceuses, de mélodies apaisées. C’est l’album que je mets le plus facilement en famille, car celui que j’estime le plus abordable. Sa douceur aidant à se familiariser avec le style du groupe. Mais attention, tapie au milieu de ces balades, restent quand même quelques soli électriques intéressants. Je regrette de le ranger seulement en sixième place alors que je l'adore. C'est d'ailleurs par lui que j'ai découvert le groupe.

https://www.youtube.com/watch?v=lJw_ov5K_54

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Un superbe album live dans lequel on retrouve leurs meilleurs morceaux de début de carrière, une composition du side project de Doug avec le morceau Virginia Reel Around The Fountain de son groupe Halo Benders, et même une reprise de Neil Young : Cortez the killer, probablement le sommet de ce live. Dans les mains de Built to Spill, ce titre devient un solo électrique dantesque, étiré à l’extrême. Ce live est peut être la meilleure chose à écouter pour qui aurait encore des doutes sur le caractère virtuose de leur musique. Ici on comprend vraiment ce qu’est le groupe. On comprend que la guitare électrique y est l’instrument majeur, et que Doug Martsch fait partie de cette grande famille des virtuoses de la guitare.

https://www.youtube.com/watch?v=TNOvqFISxIc

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Leur dernier album en date, et pour moi une sacré surprise. La surprise de me dire qu’après 30 ans de carrière, ils arrivent encore à me combler, à fournir un bon album de rock alternatif. Plus pêchu que les précédents, démontrant de nouveau une fougue qu’ils semblaient délaissé. Et peut être que la réponse de cette longévité est à trouver du côté du line-up. Doug Martsch n’a cessé de s’entourer de musiciens différents, ce qui aide sûrement à avoir du sang neuf.

https://www.youtube.com/watch?v=HaXPw4CTQRA

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On entre dans la partie “flop” de mon top. Oui, seulement maintenant, au neuvième album. Mais un gentil flop. Ancient Melodies of the Future est le premier album de leur seconde partie de carrière : donc quelque chose s’est perdu, une certaine nervosité. La musique commence à tendre vers une homogénéité, une dilution de la guitare qui rend les compositions plus apaisées, moins percutantes. C’est difficile à décrire. Bref, cet album annonce You in Reverse et There is no Enemy, mais il n’en a pas encore la grandeur à mes yeux. Ce qui en fait un album simplement sympathique.

https://www.youtube.com/watch?v=9PWeWi9k74c

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J’ai jamais trop accroché à celui-là. Martsch y déploie pourtant ses guitares énergiques, mais je ne sais pas, c’est comme si la musique ne créait rien. De l’électricité sans idées, de l’énergie sans motifs accrocheurs, ou bien des motifs qui tombent à côté. C’est la version fade de Built to Spill. L’impression que Doug fait crisser ses guitares sans en sortir grand chose. Oui je suis sévère, mais c’est mon sentiment. Pourtant, ça ne sonne pas si différent de You in Reverse quand on y pense, mais un manque d’inspiration vient affadir la formule. Donc je n’en dirai pas plus. Peut être qu’il me faut encore du temps, peut-être que j’aurai un jour le déclic. Un album que j’écoute très peu donc. Certaines balades passent quand même bien, Never Be the Same n’est pas dégeu par exemple.

https://www.youtube.com/watch?v=hLZn0KpHbr4

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Au départ, Built to Spill avait un certain Brett Netson pour bassiste, qui avait aussi son propre groupe de son côté : Caustic Resin. Les deux groupes ont donc beaucoup tourné ensemble début des années 90, comme c’est souvent le cas dans la scène indé. Cet EP est une collaboration qui additionne leur deux styles. Doug Martsch au chant, et une musique heavy rock assez commune, tenant visiblement de Caustic Resin, et qui fait de cet EP un objet totalement anecdotique. J’aurais aimé y piocher au moins un ou deux hits sympas, comme c’est le cas des albums précédents, mais non. Rien de spécial à retenir.