Itinéraire d'un cinéaste (pas) gâté

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Ce doc est extrêmement cohérent dans le sens où il est aussi mauvais que les (très nombreux) derniers films de Lelouch. Un film de fan pour les fans, véritable hagiographie sans le moindre recul, et surtout qui dit finalement bien peu de choses sur la carrière du réalisateur.

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Enfin un Lelouch regardable !!!! Tout l'homme Lelouch (et donc tout son cinéma) se trouve dans ce documentaire. A la fois (grosse) tête à claques, peu de personnes oseraient SE consacrer un documentaire sur SA propre carrière, personnage passionné et fragile, mémoire du cinéma français...
Sorti de l'hagiographie (il est d'ailleurs agréable de revoir, compilés, les extraits de films attestant que Lelouch a été un VRAI cinéaste), l'intérêt de ce documentaire est peut-être ailleurs, niché dans les

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Je vous épargne les raisons qui m'ont amené à aller voir ce nouveau Lelouch alors que j'avais décidé de me tenir à distance de tout ce qui pourrait ressembler de près ou de loin à l'apocalyptique "La Vertu des impondérables".

Toujours est-il que j'ai très rapidement pu constater ce qui semblait être impossible : le film pouvait donc être encore plus c.. que son titre, creuser plus loin dans les poncifs, les dialogues d'une niaiserie confondante. Lelouch prétend que faire du cinéma c'est pouvoir tout se permettre, que la fiction c'est pouvoir croire à tout, en particulier à ce que ne permettrait pas la vie réelle. L'idée est séduisante mais alors pourquoi être quasiment le seul à intégrer des masques dans ses films si ce n'est justement pour coller à une certaine réalité, pour ancrer son récit (Même si ici le terme est impropre) dans notre quotidien.

Mais même ça sonne faux, est proprement gênant, à l'unisson du reste, et comme il est douloureux de voir une grande actrice comme Sandrine Bonnaire surjouer ainsi, tout le temps à côté. A côté, c'est ce que je me suis dit en permanence, Lelouch croit faire "son" cinéma, le revendique haut et fort, mais il est à côté, autant qu'à côté de la vie.

Mais malgré tout je le remercie, pour les dix premières minutes qui donnent un faux espoir, et surtout pour cette réplique affligeante de trop prononcée par Gérard Darmon au bout d'une heure de consternation : « Je n'ai plus le temps de perdre mon temps ».

En effet Claude, alors on se lève discrètement et on rejoint sans bruit, te laissant ainsi avec ceux qui te comprennent encore, la sortie de la salle.

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A côté "Voisin, voisine" c'était du Bergman...

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On navigue entre réelle émotion et gêne face à cette déclaration d’amour de Lelouch à ses acteurs et au cinéma.

Le premier échange entre Anouk Aimée et Jean-Louis Trintignant est bouleversant, les images d'"Un homme et une femme" remuent forcément la fibre nostalgique qui sommeille en chacun de nous, par contre Calogero + Antoine Sire + Monica Bellucci + des scènes dignes d’une pub Royal Canin, c’est rude, même douloureux car tout ceci montre ce qu'est le cinéaste Lelouch actuel.

NB : Ce film est indéniablement le plus beau du monsieur depuis très longtemps et la parole sage est probablement sortie de la bouche de ma moitié juste après la projection : « Ce serait peut-être bien que ce soit son dernier. »

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Lelouch est définitivement devenu le plus grand réalisateur français...de comédies. Et un chef-d'oeuvre de plus, un...

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C'est fascinant, à chaque fois que je découvre un nouveau Lelouch je m'attends à le voir atteindre le sommet du ridicule. Et là en mélangeant ses horribles tics au genre fantastique il tutoie les étoiles.

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Preuve que Lelouch n'avait pas attendu ses derniers films (ses dernières choses filmées pour être plus exact) pour faire dans le gênant.

Et une révélation : il y avait eu pire Édith Piaf que Marion Cotillard dans l'histoire du cinéma, Évelyne Bouix, c'est presque surnaturel.

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En 1978 Lelouch n'était pas encore devenu fou, son cinéma savait encore se faire modeste, mais il était sur le point de glisser, avec ses chansons à faire passer du Michèle Torr pour du Metallica, ses tics de mise en scène que tout artiste conscient de ses limites n'aurait utilisé qu'une fois, ses dialogues, comment dire, Lelouchiens.

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Mais parce que je suis bon joueur (et qu'au fond de moi je dois bien l'aimer), à chaque fois que le Claude m'agace, je vais replonger dans sa filmographie pour piocher un truc moins estampillé Lelouchien, et souvent c'est une bonne surprise.

Ce "Chat et la souris", que je placerais dans la même catégorie que "Le Bon et les méchants", en est un excellent exemple : moins maniéré, plus à plat, on se trouve face à un film imparfait mais charmeur, malin, amusant. Le couple Michèle Morgan - Serge Reggiani est irrésistible et on sort de là avec la banane, et l'envie de mettre une fessée déculottée à Mister Lelouch pour avoir gâché sa carrière à trop vouloir faire l'intéressant.

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Cet ancien Lelouch méconnu a le charme des films fauchés, le charme d'une Catherine Allégret solaire aussi, et quand Charles Gérard est en grand forme comme ça, difficile de ne pas se marrer par instants. Malheureusement les affreux tics lelouchiens étaient déjà là, alors forcément impossible d'adhérer totalement.

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Un Lelouch pur jus. Éreintant, too much, caricatural, agaçant mais quel amour du cinéma, des acteurs, quelle candeur presque enfantine donc tantôt ridicule tantôt émouvante ! Et Annie Girardot qui irradie la pellicule.

Plus j'approfondis la filmographie de cet homme plus je comprends qu'il ne s'est jamais remis, pour le meilleur et pour le pire, du succès d' "Un homme et une femme". Tout son génie mais aussi ses tics pénibles y étaient déjà, il inventait et ressassait tout à la fois, se prenait pour un grand réalisateur hollywoodien, travaillait l'art de se filmer en train de filmer du cinéma jusqu'au dérapage grotesque.

Pour mon plus grand bonheur j'entretiens depuis fort longtemps une relation ambiguë avec ce réalisateur et je sais que cela durera jusqu'à ce que j'ai vu tous ses films. Encore une fois je suis passé par tous les états au cours du visionnage de ce "Vivre pour vivre" : admiratif, consterné, amusé, désabusé...

Bref Lelouch me fait me sentir vivant...

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Très instructif de revoir "Un homme et une femme" (dans une belle version restaurée) quelques jours après (le pas si mauvais) "Les Plus belles années d'une vie".

En réalité Lelouch ne s'est jamais remis du succès de ce film, tous les tics de son cinéma étaient déjà là : les ralentis, la musique envahissante, la caméra qui fait des ronds des ronds des ronds, des dialogues au lyrisme parfois incertain, les scènes gênantes. Mais aussi ce qui ne l'aura jamais quitté : un sincère et innocent amour du cinéma et du geste qui l'accompagne.

Revisiter l’œuvre d'un créateur à rebours est parfois chose cruelle mais c'est le jeu ma pauvre Lucette...