Pictures (2020)

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2 janvier

Trois flashbacks précurseurs, des dialogues de Prévert, Gabin qui avant De Niro parle tout seul devant son miroir et un joli plan final. Mais le personnage de Jules Berry est vraiment insupportable.

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3 janvier

À la Cinémathèque.

Le film-OVNI d'Hitchcock, aussi cru qu'annoncé (le cadavre de Lydia !), berceau du cinéma catastrophe car jouant comme jamais avec son spectateur en lui refusant jusqu'au bout la moindre explication rationnelle.

Je me suis surpris à jeter un coup d'œil inquiet vers le ciel en sortant de la salle.

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9 janvier

Sans doute trop hésitant entre les genres et un peu lourd à se vouloir si léger, mais Garrel a de l'amour pour tous ses personnages et ça se voit, à commencer par celui de sa femme, sublime Laetitia Casta. Et le petit Joseph est drôle.

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14 janvier

Le film créé à l'image de Léaud : kitsch et littéraire à souhait, aussi attachant qu'il peut parfois être agaçant. J'en retiendrai surtout l'ampleur romanesque, qui donne en deux heures la sensation de parcourir des années pour finir sur un épilogue poignant, à mi-chemin entre Flaubert et Proust.

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20 janvier

Au cinéma.

Je n'ai pas l'aversion idéologique que d'autres peuvent nourrir contre le film – l'usage du plan-séquence m'y paraît un peu moins gratuit que dans la plupart de ses devanciers qui en font leur argument de vente – mais ce côté « touriste du futur » qui nous fait explorer des décors beaucoup trop beaux (le village en ruine la nuit), où la guerre deviendrait presque un parc d'attractions abandonné, a en effet quelque chose de dérangeant.

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5 février

Assez déçu par cette étude de caractère qui me voit bien en peine de m'attacher à un personnage aussi frontalement antipathique, comme cela m'arrive d'ailleurs souvent chez Scorsese, le grand modèle des frères Safdie. On dirait le revers de Good Time (dont j'enjolive peut-être le souvenir), fatigant et comme exsangue, moins inspiré musicalement et moins heureux en trouvailles formelles, à part le pull orange dans la lumière noire.

Quoi qu'il en soit tout cela donne sérieusement envie de se mettre à la NBA.

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6 février

Un sujet forcément universel mais surtout cette impression de vivre en temps réel la naissance d'une relation : là où d'autres auraient peut-être eu davantage recours à l'ellipse, Eastwood ne refuse pas l'obstacle, au contraire il n'hésite pas à faire durer les scènes entre les deux amants dans un naturalisme qui permet au spectateur d'être le témoin au plus près de l'évolution du sentiment amoureux, sans qu'il puisse dire à quel moment véritablement a eu lieu sa cristallisation.

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8 février

Sublime Irène Jacob... Deux très belles scènes (le concert et le spectacle de marionnettes) et une photographie inspirée tout du long mais la ténuité du lien entre les deux histoires m'a laissé sur le seuil de sa réflexion métaphysique. En fait je crois que j'aurais aimé rester en Pologne pendant tout le film.

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10 février

Au cinéma.

Un divertissement honnête, même si le film devient beaucoup plus faible dans sa deuxième partie, dès lors qu'on s'éloigne du manoir. Daniel Craig en fait des tonnes mais pourquoi pas, on peut regretter surtout cette insistance sur la candeur angélique de l'infirmière immigrée confrontée à la cupidité des méchants héritiers. Il y a tout de même quelques saillies comiques bien senties – et le film réussit ce tour de force de donner à la fois l'envie et la flemme de lire Pynchon.

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11 février

Non là vraiment je ne peux pas... Ça ne me fait pas rire et ça ne me fait pas beaucoup plus réfléchir sur le rire.

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13 février

Au cinéma.

Je trouve le film extrêmement gênant voire presque néfaste, suivre le quotidien d'un militant du FN comme celui d'une bête de foire et lui prêter des pensées qui ne sont pas les siennes par l'intermédiaire d'une voix-off s'écoutant complaisamment aligner des phrases d'un tour littéraire affecté participent d'une entreprise en tout cas bien lointaine de l'idée que je me fais d'un documentaire sociologique visant une certaine objectivité scientifique. Les réalisateurs dénoncent à raison la manipulation du parti mais ne peuvent s'empêcher de le faire en manipulant à leur tour le sujet et le spectateur de leur film : cela ne nous avance à rien.

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16 février

Au cinéma.

Il y a bien à un moment la vague émotion des trajectoires de vie qui s'entrecroisent mais elle reste étouffée par des plans, des répliques trop rapides, une musique omniprésente et un montage plus confus que pénétrant, même si on comprend bien qu'il est motivé par la mise en abyme finale.

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17 février

Au cinéma.

Ritchie a un savoir-faire indéniable dans la construction d'un scénario efficace. Le reste, sans surprise, n'est que beauferie généralisée dans une photographie assez moche.

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20 février

Au cinéma.

Histoire de justice (1/3).

Si l'on veut bien passer outre la dose de pathos qu'induit le dispositif et la caractérisation sciemment grossière du FBI et des médias, je trouve qu'il y a réellement quelque chose de touchant dans le regard que porte Eastwood, comme dans le 15h17 pour Paris, sur l'« Américain moyen ». Ici c'est surtout à travers sa relation avec l'avocat que le personnage va progressivement se construire, et sa sensibilité naître sous nos yeux.

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29 février

Au cinéma.

Histoire de justice (2/3).

Surprenant de voir Todd Haynes prendre une telle direction après Carol. Le film utilise très peu les moyens propres au cinéma comme le montage ou la mise en scène, le récit est linéaire et académique au possible mais il faut reconnaître que cette langueur narrative rend plutôt bien justice à la lutte désespérée de l'avocat. Juste beaucoup de mal avec la ritournelle sur la vocation qui pourrit la vie de famille (pauvre personnage d'Anne Hathaway) et le côté David contre Goliath.

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1er mars

Histoire de justice (3/3).

Les post-it comme dans Dark Waters mais surtout une réflexion intéressante, en forme de pied-de-nez au spectateur trop avide de jugement car formaté au roman policier, sur notre rapport à la preuve et à la fabulation. Olivier Gourmet est très fort en Dupond-Moretti et là encore, les (grossières) péripéties qui rappellent régulièrement le personnage de Marina Foïs à sa vie privée desservent un peu le propos du film.

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8 mars

Au cinéma.

Beaucoup d'attentes frustrées, parce que quand l'envoûtement de la forme est rompu, comme c'est le cas ici par intermittence, il y a cette triste impression (déjà ressentie avant) que Sokourov n'a en réalité pas grand-chose à dire. Une poignée de plans m'ont subjugué par leur beauté mais je les aime isolément, ils font trop rarement corps avec le film.

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9 mars

Au cinéma.

Je nourrissais beaucoup d'espoir en celui-ci, que j'imaginais plus proche formellement de Pages cachées... Mais mon idylle avec Sokourov se complique sérieusement. L'intrigue est vraiment trop ténue pour moi. Terrible sensation d'arbitraire : je me suis souvent dit « ce plan-là aurait pu être différent que cela n'y changerait rien ».

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12 mars

Pas désagréable quand on apprécie les acteurs, on rit même de temps en temps, mais la réflexion sur l'école ne vole pas très haut, coincée entre les deux impasses qu'elle illustre alternativement.

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13 mars

Un plaisir de retrouver la langue de Perec à l'écran. Je découvre Patrick Dewaere qui est habité et semble faire le film tout seul, comme si celui-ci naissait à partir de chacun de ses gestes, de ses mots : le Joker de Todd Phillips peut aller se rhabiller.

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15 mars

Je vais spoiler mais je trouve assez belle cette audace du « tout ça pour rien » que l'on comprend à mesure que l'enquête s'enlise, d'autant plus osée compte tenu de la masse de documentation que le récit déploie, et surtout par rapport aux révélations finales auxquelles le spectateur est habitué depuis Seven et Fight Club. En cela Fincher se renouvelle déjà et déjoue les attentes, comme lorsque le personnage du cartooniste, gardé au chaud pendant une bonne partie du film, finit par s'en emparer presque exclusivement et sans prévenir – une idée romanesque qui m'avait déjà plu dans Comment je me suis disputé... et qui permettait à Esther de donner sa version des faits. La foi du réalisateur dans son récit, porté par d'inlassables dialogues, force ainsi l'admiration. La fin fait évidemment penser à Memories of Murder et j'ai trouvé que les rares scènes où l'on voit le tueur (dont le visage n'est d'ailleurs pas sans rappeler celui de Kevin Spacey) charrient anachroniquement un peu de l'odeur si particulière de True Detective.

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16 mars

Il y a déjà une forme d'humilité, dont les biopics contemporains devraient peut-être s'inspirer, dans ce projet d'entrer dans le mythe par la petite porte en se concentrant sur les jeunes années de Lincoln. Et s'il est évidemment magnifié, le héros est néanmoins rendu complexe grâce à de petites touches discrètes (la tricherie à la foire, l'application du droit quand ça l'arrange, son show devant l'audience du procès). Mais les moments qui m'ont marqué sont ailleurs : une ellipse inattendue au début et une superbe scène silencieuse qui voit Abe accompagner sa cavalière sur le balcon après une danse maladroite pour que celle-ci s'étant assise s'efface finalement du plan sans mot dire, laissant le personnage contempler seul l'horizon et sa « destinée ».

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17 mars

Une première moitié laborieuse et puis les idées rafraîchissantes de Truffaut reviennent, une découverte poétique et hilarante de l'infidélité, le portrait étonnant d'un Antoine Doinel plus pitoyable que jamais (confiteor personnel du réalisateur ?) et une très belle Claude Jade dans sa dignité de femme trompée.

« Tu es ma petite sœur, tu es ma fille, tu es ma mère.
– J'aurais bien aimé aussi être ta femme. »

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22 mars

Assez vite l'impression d'être devant un film important, même s'il est à replacer dans un contexte particulier. Cette histoire de cavale est évidemment peu crédible mais plus que la manière c'est le geste que l'on retient, et cette fin à la très forte symbolique qui suggère que la société masculine tue ses propres filles.

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23 mars

D'abord un peu de perplexité quant au minimalisme du dispositif et beaucoup d'ennui devant ces longues séquences parfois à la limite du gratuit – n'est pas Kiarostami qui veut – mais je reconnais que le charme du film prend doucement, presque après coup. Les deux premiers « visages » sont magnifiques, le troisième, si on ne le voit pas, offre un incroyable plan furtif, comme volé au temps même du film.

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25 mars

Je n'étais pas prêt à jouer à Super Smash Bros. Toujours la surenchère : dans cette histoire d'univers parallèles, dans la bouillie visuelle du dernier tiers. Ce n'étaient pas des grands films mais la sincérité, la fraîcheur des Sam Raimi me manquent.

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27 mars

Probablement moins marquant formellement que A Brighter Summer Day, moins flamboyant mais toujours aussi romanesque, et encore plus tentaculaire. J'y ai retrouvé quelque chose d'Antonioni dans la posture des amants, leurs silences partagés, en ajoutant cette pudeur de filmer les pleurs à travers les vitres. Le film n'est pas parfait, il laisse beaucoup de place au spectateur, on sent que Yang se retient de ne pas donner lui-même les réponses et je me suis pris parfois à rêver d'un autre film où il donnerait libre cours à des effets de sens, à un certain symbolisme (à l'image de la séquence du « coup de foudre », ou de ce moment où le montage crée un lien entre l'histoire du père et celle de la fille sur le motif des mains moites). Mais ce n'est pas dans la philosophie du film et c'est tant mieux, car alors n'en émanerait sans doute pas cette forme de sagesse sur la vie – la vie qui, comme dirait Artaud, est de « brûler les questions ».

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28 mars

Grand film kitsch : le cinéma américain à son meilleur (inoubliables acteurs) et surtout à son pire (scénario horrible). Beaucoup de sympathie pour l'entrée en matière très film noir, avec la photo vaporeuse des 1990s et cette grande maison qui me donne envie de revoir Sunset Boulevard. Et puis le croustillant méta des anecdotes de tournage : Kevin Costner marqué par les menaces de mort pour JFK restreignant l'accès au plateau, les caprices de Whitney, l'ambiance électrique entre les deux... C'est la vie qui imite l'art.

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30 mars

Revu.

Images surréelles et mise en garde prophétique, toujours salutaire soixante ans après. Mais vraiment trop le bourdon pour que je monte à 9.

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30 mars

« Toutes des putes », « T'es pas un peu con ! ». Tristement drôle. L'aspect documentaire plutôt que le scénario, secondaire.