Roman Polanski, à la folie !

Annotation :

Polanski ou le génie pour mettre en images la folie.
Première chose qui frappe dans ce film, c'est l'uniformité du décor parisien complètement grisâtre, on se croirait presque dans "Le Samouraï" de Melville.
Ce décor grisâtre sied justement parfaitement au film, à cette dégradation physique qui va aussi se refléter dans cet appartement miteux. Comme dans Rosemary's Baby et Répulsion, la folie naît de l'auto-destruction, du fantasme et de la perte de contrôle mais surtout de la paranoïa et de l'acharnement des voisins. Trelkovsky est un personnage maladroit, un brin gaffeur et très introverti. Il n'est pas inadapté à la vie en société mais il est tout de même replié sur lui-même. La proie est alors facile. Polanski y va par petites touches, il distille petit à petit un mystère grandissant, l'atmosphère se faisant de plus en plus étouffante.

Maître du huis-clos, Polanski enferme Trelkovsky dans sa folie, peu à peu le personnage se replie sur lui-même et se barricade. Il perd toute relation sociale et tout contact avec le réalité. Polanski s'amuse également tout au long du film à distiller plein d'éléments qui accentueront la paranoïa du personnage (les cigarettes, le café) vers la fin. Mais c'est véritablement lors de 30 dernières minutes assommantes que le film culmine, Polanski image la folie de manière inventive, déformation du réel, perte d'identité, perte de contrôle, paranoïa excessive, troubles de la vision. Tout y passe. Comme un Dustin Hoffman dans "Straw Dogs", la candeur et le naturel reservé de Polanski signeront son arrêt de mort. Trelkovsky lutte finalement plus avec lui-même, il s'auto-détruit. Un plongeon sous une voiture, un double saut par la fenêtre ne suffiront même pas...
Le cri final est autant celui de la détresse que celui de la hantise. Génial.

Annotation :

Quel film ! Polanski est au sommet de son art !
"Rosemary's Baby" s'ouvre comme un conte avec cette musique enfantine. Mais Polanski s'amuse à noircir cela en y instaurant une touche de mystère et un aspect macabre réjouissant. Il s'appuie tout d'abord sur une symbolique forte et la récurrence de plusieurs objets, sa réalisation est fabuleuse et sa maîtrise du huis-clos est impressionnante (l'appartement, la cabine téléphonique), l’oppression et la tension sont constantes.

Polanski livre ici un pur film d'ambiance et de sorcellerie ("Suspiria") mais le double d'une écriture brillante, qui fait la part belle à Mia Farrow et nous étouffe littéralement avec elle entre claustrophobie et paranoïa. L'écriture est juste parfaite, le mystère et les différents éléments opaques s'éclaircissent tandis que l'angoisse culmine dans un final où Polanski enchaîne les plans iconiques...

Il faudrait aussi parler de l'inventivité formelle et de la créativité dont faire preuve Polanski dans la mise en image des cauchemars, de la direction artistique, de Mia Farrow, de la manière dont Polanski construit son conte mais bon. Juste magistral.
Un conte d'une noirceur totalement réjouissante qui se détourne de la comptine enfantine pour nous plonger dans une folie totale.
Abouti sur tous les plans.

Annotation :

Magnifique. Fresque de 3h signé Polanski en pleine province britannique au cœur du XIX siècle. La destinée d'une femme au destin unique, forgé par la rudesse de la vie et les désillusions de l'amour. Nastassja Kinski est absolument sublime, une beauté pure et fragile comme on en voit peu. Polanski dirige et filme superbement ses acteurs, en faisant ressortir toute une palette d'émotions, de douleur, d'incompréhensions, de joie, tout les personnages sont terriblement vivants.
"Tess", c'est aussi une oeuvre formellement sublime, la photo et la composition des plans sont hallucinants et évoque le "Barry Lyndon" de Kubrick sorti 3 ans auparavant.

Polanski maîtrise tout, l'écriture est brillante, Tess étant loin d'être épargnée, tous les personnages morflent et en prennent pour leur grade, à tous les niveaux de la fourberie aristocrate à la cupidité paysanne. Et on ne peut rester indifférent devant cette destinée tragique, devant cette enfance violée, cette beauté écornée, cette vie gâchée, les événements allant crescendo jusqu'à un point de non-retour.
"Tess" est donc un film merveilleux, servi par une réalisation magistrale, une B.O d'enfer, une distribution parfaite, une photographie à couper le souffle ...
Un très grand film poétique, tragique et inoubliable.

Annotation :

Je l'ai revu. Un film d'une puissance, d'une violence, d'une brutalité hors-norme. Polanski lui-même survivant raconte la mort, la douleur, la souffrance, la moisissure de ces corps d'homme, d'enfants mutilés.
La réalisation magistrale n'insiste jamais sur l'horreur gratuitement, ne force jamais l'émotion, elle est juste là pour montrer ce qu'il y a à montrer.
L'humiliation d'abord, mais surtout l'incompréhension (le mot "absurde" revient souvent), puis la souffrance et la déchéance physique, celle de Spielman réduit en miettes.
"Le Pianiste" est également un film magistral, qui joue sur l'attente. L'attente interminable d'une fin qui n'arrive pas, la solitude qui gangrène l'esprit, la peur permanente, etc ...
Le film contient une partie quasi-muette tétanisante, où Polanski fait passer l'horreur en quelques regards, ceux d'Adrian Brody qui livre une performance sidérante.
L'art comme remède au Nazisme, à la mort et à l'horreur, "Le Pianiste" est un film d'une puissance et d'une "beauté" éprouvante mais indispensable.
Note inchangée.

Annotation :

Polanski s'attaque au film noir avec ce "Chinatown", film d'atmosphère particulièrement envoûtant. Polanski s'applique à donner une identité et un cachet particulier à son film, il utilise pour cela parfaitement la superbe partition de Jerry Goldsmith et livre sa vision d'un L.A tout en contrastes. Une ambiance mémorable doublée d'une écriture subtile et intelligente qui préserve l’ambiguïté de personnages à plusieurs facettes et difficiles à cerner. Polanski grâce à un scénario très dense, nous ballade et s'amuse en jouant des fausses pistes et des rebondissements.
Un film noir puissant, mélancolique et imprévisible où Nicholson plus que jamais tourmenté déambule la vague à l'âme, prisonnier de ce Chinatown qui absorbe les espoirs et les rêves, pour ne laisser que désillusions et nostalgie.

Annotation :

Polanski signe son premier film hors de Pologne avec ce huis-clos angoissant. La jeune Catherine Deneuve y joue une jeune femme perturbée, dérangée. Dès le premier plan, Polanski nous interpelle sur l'immobilité du personnage, complètement figé, comme mort-né. On va vivre une véritable descente aux enfers à ses côtés, qui se matérialise par la perte des repères spatiaux et temporels, puis par la disparition des rapports humains. Deneuve se disloque, complètement aliénée, elle se réfugie dans un appartement qui se fissure, le masque et le bouclier qu'elle tente de se forger se détruisent, on mesure toute son impuissance lors des scènes de viols, elle ne peut crier. Elle perd tout contrôle d'elle-même, comme asphyxiée.
Mis en scène avec pas mal d'inventivité et de génie par Polanski, porté par une Deneuve en pleine folie intériorisée, un 2ème long-métrage qui démontre déjà une grosse maîtrise du huis-clos, un film glauque, malsain et dérangeant, une base qui sera consolidée par "Rosemary's Baby" et "Le Locataire" entre autres.

Annotation :

Thriller de haut niveau réalisé par Polanski, "The Ghost Writer" installe tout de suite une ambiance pluvieuse, humide et froide.
Un film glacé et glaçant sur le pouvoir, les manipulations et les jeux d’échecs politiques.
Polanski se livre à un brillant exercice de style qui vaut avant tout pour son ambiance inquiétante et pour ses fulgurances de tension dues à un montage et une réalisation précise et dynamique. Le mystère est plutôt bien entretenu, le personnage de McGregor est effectivement une sorte de fantôme qui erre au milieu d'un monde qui lui est étranger mais qu'il va faire éclater. Le personnage est comme happé par l'ensemble et n'existe qu'au travers de sa mission, sa personnalité et son background étant peu développés.
Un film d'une froideur et d'une maîtrise totale bien que le fait de connaître la fin m'a un peu gâché le tout mais c'est incontestablement un thriller de maître auquel on pourrait seulement reprocher son scénario implacable certes mais qui oublie de donner vie à ses personnages.

Annotation :

Une réussite de plus pour Polanski tout en finesse et en cruauté. Le maître du huis-clos invente un génial jeu de rôles dans un théâtre parisien. La manière dont Polanski fait naître l'attirance entre Amalric et Seigner est brillante, une tension sexuelle entre les protagonistes qui prend de l'ampleur sans qu'ils puissent s'effleurer. L'idée brillante du cinéaste, c'est cette mise en abîme du roman originel qui fait constamment évoluer la relation entre les protagonistes au fil du texte.
La distinction entre le vrai et le faux s'amincit de plus en plus. L'utilisation du texte est brillante, les réflexions autour du jeu et des faux-semblants sont bien amenés.
Le film a un tout de même un creux au milieu et la relation sado-maso qui se crée n'est pas aussi forte que la tension subtile du début.
Mais c'est bien, très bien. Amalric et Seigner sont géniaux.

Annotation :

Un polar soigné par Polanski, qui choisit dans un premier temps d'axer son film sur l'aspect "choc linguistique" entre américains et français.
On remarque d'emblée une chose, c'est que Polanski conserve ses obsessions sur le rejet social, l'incapacité à s'adapter, l'impression d'isolement mais cette fois à l'échelle d'une ville (Paris) et non pas d'un appartement. Pour le reste, on retrouve cette grande maîtrise du cinéaste dans sa manière d'emboîter les événements, et de créer du mystère et de la tension. Paris est en plus filmé de manière particulièrement inédite, loin des clichés habituels. L'apparition de la très belle Emanuelle Seigner permet de rajouter du piment à un film qui gagne en ampleur et en rythme au fil des minutes.
La trépidante B.O d'Ennio Morricone accompagne le tout, intelligemment mené par le cinéaste jusqu'à un final sombre et sobre. Harrsion Ford porte le film sur ses épaules, parfaitement dirigé par Polanski.

Annotation :

Huis-clos un peu lent à se mettre en place mais qui devient très efficace une fois lancé. Polanski travaille toujours autour des mêmes thématiques sur la perversion, le mal-être et instaure comme à son habitude une forte tension sexuelle entre les protagonistes. Scénario intéressant, suspense bien maîtrisé et ambiguïté très poussée qui permet de tenir en haleine jusqu'au bout. Les dialogues sont parfaits, les acteurs aussi et Polanski est un maître dans l'art de créer beaucoup avec presque rien.

Annotation :

Le polonais revient à son genre de prédilection : le huis-clos. Tout part d'une bagarre entre deux garçons dont les parents vont vouloir se rencontrer pour le meilleur et surtout pour le pire. Les personnages sont très variés entre la mère pleine d'idéaux, le père bon vivant et le cadre élégant et arrogant. Polanski joue avec nos nerfs en même temps que ceux de ses personnages avec des quiproquos qui n'en finissent plus, des appels téléphoniques incessants et des digressions en tous genres sur au choix : la virilité, l'état de nature, les enfants africains ou encore Jane Fonda. Bref, plein de choses et des choses souvent très drôles, les piques fusent, la situation s'intensifie et s’envenime et le'affrontement tourne à la guerre des sexes pour se terminer sur un statut quo, symbole de la stérilité des discussions. Les 4 acteurs sont bien sur excellents.

Annotation :

Ça commençait vraiment très bien, et puis comme "Le Bal des Vampires" le film s’essouffle. Polanski reste très doué pour apporter son esprit loufoque et décalé (dommage qu'il joue pas lui-même dans le film d'ailleurs). Niveau direction artistique et réalisation, c'est bien sur du haut niveau, la photo est sublime, la B.O signé Sarde appuie bien comme il faut. Maintenant, le problème du film intervient à partir du moment où Captain Red lance la mutinerie, le film s'éparpille, devient moins drôle et les personnages secondaires n'existent pas vraiment excepté le français.
Même si le film se suit bien, il manque ce brin de folie, cette étincelle qui le rendrait irrésistible comme "Le Bal des Vampires" quoi...

Annotation :

Thriller fantastique intéressant, Polanski arrive à donner de l'intérêt à cette chasse aux livres notamment grâce au personnage charismatique de Depp et à l'exotisme du film. Assez bien mené, le film réserve quelques belles séquences grâce à une B.O et une réalisation de qualité. Mais malheureusement au moment de conclure, Polanski se foire royalement, le climax dans le château est bidon et le cinéaste n'arrive pas à créer la fascination nécessaire à la fin de cette quête, le personnage de Seigner est de trop (mais bon Polanski fantasme sur elle...) et l'intensité est inexistante.
Un peu déroutant par moment avec ses situations incongrues, "La Neuvième Porte" est un bon thriller rondement mené, fascinant mais malheureusement moyennement écrit et trop long.

Annotation :

J'ai revu cette adaptation 10 ans après. Je n'ai pas lu le roman de Dickens, mais clairement ce Polanski manque de relief.
Forcément le roman est trop riche pour être adapté dans les moindres détails néanmoins le film va trop vite. Polanski n'installe jamais un climat vraiment inquiétant, sa description d'un Londres Victorien où la corruption et la violence règne est trop légère (voir l'excellente scène du tribunal) et Oliver est un personnage qui manque cruellement de personnalité. Les autres enfants en ont même plus, Twist étant baladé un peu partout sans que l'on ressente de l'émotion. Bon je suis dur parce que le rythme est maîtrisé, Polanski est toujours un maître dans la reconstitution et l’esthétique, Ben Kingsley compose un habile numéro de pourriture vicieuse, et la B.O est de très belle qualité.
On ne s'ennuie pas mais venant de Polanski, le résultat aurait du être meilleur, la faute à un traitement de son personnage principal et des thématiques effleurées, un spectacle de qualité mais inabouti.

Annotation :

Un film étrange et étonnant signé Polanski. Un drame romantique qui mélange passé et présent, et qui traite de l'amour passionnel et véritable et des sacrifices que cela entraîne. C'est un film assez noir qui commence comme une bluette parisienne et qui devient très vite glauque et très cruel. Une histoire d'amour et de dégoût mis en scène avec brio par Polanski qui ajoute cette petite touche de malaise dans sa manière de filmer et ce cynisme dévastateur. Au niveau du casting par contre...
Emmanuelle Seigner joue plutôt mal mais elle a du charme, Hugh Grant est mauvais et inexpressif, Peter Coyote est agaçant bien que loin d'être mauvais, Scott Thomas est à chier, 'fin je peux pas l'encadrer. Ça m'étonnerait d'ailleurs pas que certaines scènes avec Seigner soient des gros fantasmes de Polanski (ils étaient en couple à l'époque). Bref.
Donc voilà, j'en sors mitigé, le film est assez brillant mais il m'a un peu dérangé, et il est surement trop long, je pense qu'il aurait gagné à être épuré sans la partie sur le bateau avec ce couple inintéressant.
Mais "Lunes de Fiel" est indéniablement à voir, pour sa verve cynique, sa cruauté et la violence des affrontements psychologiques qu'il instaure.

Annotation :

Polanski s'essaie au film de vampire avec cette comédie horrifique. La direction artistique est superbe, le duo McGowran-Polanski fonctionne super bien, la réalisation de Polanski est fluide et comporte quelques fulgurances, les décors sont assez magiques et fantaisistes. Tout ça aurait pu donner un super film mais malheureusement le manque de rythme et d'enjeux se fait sentir comme dans "Cul-de-Sac". Les personnages errent un peu sans but défini une fois qu'ils ont compris où ils étaient, et le scénario est vraiment trop léger, le talent des comédiens ne pouvant compenser les manques scénaristiques. Même la fin qui est plutôt sympa manque un peu de folie. Regrettable au vu d'un tel potentiel.

Annotation :

Comédie provocante et décalée en pleine ère seventies. Une époque où tout était permis et on le ressent bien à travers ce film. Polanski s'amuse dans cette farce bordélique sans queue ni tête, on ressent une forte tension sexuelle entre les protagonistes et on a droit à quelques grands moments comme Mastroianni déguisé en tigre se faisant fouetter. Un peu inégal au niveau du rythme et bordélique à cause du nombre de personnages secondaires mais plutôt réjouissant au niveau du ton employé et doté d'un final très amusant.

Annotation :

Cette adaptation de la célèbre pièce de Shakespeare par Polanski est plutôt intéréssante. A défaut de tout réussir notamment à cause de dialogues mal dosés et qui alourdissent le récit, Polanski parvient tout de même à recréer une ambiance mystique et qui confère une certaine folie à ce film. Les comédiens sont plutôt bons, la progression de l'intrigue est classique et parsemée de scènes inégales et de longueurs mais le combat final est scotchant ! Inégal, intéressant, trop long mais très travaillé.
Une tentative imparfaite mais osée et à découvrir !

Annotation :

Un premier Polanski bien mis en scène, avec une très belle photo et une superbe B.O.
Le problème est que Polanski se concentre sur sa mise en scène mais raconte un truc totalement inintéressant, l'intrigue piétine, ne décolle jamais, les enjeux sont flous et les personnages n’évoluent pas tant que ça. Une petite déception mais à voir tout de même.

Annotation :

Bon c'est pas terrible, c'est même franchement décevant. Certes, Polanski a un certain savoir-faire mais ce film est un beau raté.
C'est un immense foutoir général où Pleasence et Stander cabotinent, le film ne mène nulle part, ce n'est jamais vraiment drôle, les répliques ne sont pas percutantes, ça laisse complètement indifférent tant les enjeux et les personnages sont inintéressants.
Oui ça aurait pu être amusant de voir Pleasence en lâche se faire humilier mais ici c'est juste fatiguant tant les acteurs en font des caisses, tant la mise en scène est bof.
Quelques jolis plans, Françoise Dorléac, une fin sympathique ne suffisent pas à sauver ce film qui à défaut d'être intéressant est au moins original. Mais bon c'est trop peu, il y a peut-être même une satire sociale en filigrane mais tout ça est tellement confus et sans intérêt que cela reste flou et opaque ...