Eiichi Yamamoto

Annotation :

Belladonna est une curiosité extrême du septième art : entre sa musique progo-psychédélique, son dessin sans équivalent à la croisée des styles et son montage heurté à la limite (parfois franchie) de l'expérimental, Yamamoto signait en 1973 un conte fantasmatique effarant, à la fois novateur et unique, à l'identité très forte. C'est un délire, un paroxysme pour dénicheurs de folies audiovisuelles (et il n'y en a que trop).

Mais, au final, ce film n'est que la somme de deux seules choses, son récit n'étant hélas pas des plus fouillés (et c'est de là qu'il tire pourtant ses rares fulgurances émotionnelles) : son esthétique, et son érotisme. La deuxième est même plus déviante encore que la première, et fait malheureusement sombrer l'ensemble, plus dans la vulgarité embarrassante que dans la provocation crue déstabilisante : on doute que les intentions de Yamamoto, au moment de dessiner (parmi d'autres) des hommes avec des bras en forme de gland, des viols avec pénétration en transparence et des bites bouillonnantes d'influx sanguin, furent particulièrement louables ou même très saines...

Après cette plongée en univers hentai très cracra, le film s'offre néanmoins une belle fin : il aura fallu s'être enquillé une interminable litanie de délires pervers, mais lors de la conclusion, la grossièreté laisse enfin place à la sensualité et au sentiment. C'est évidemment un peu tard, mais cela permet au tout d'acquérir sa cohérence tout à fait singulière, et d'aviver une flamme émotionnelle jusqu'ici éteinte.