Le Diable dans les jeux vidéos

Annotation :

Sephiroth / Jenova.

Nommé à partir d'un terme religieux, Sephiroth partage de nombreux traits communs avec Lucifer; héros déchu dont le thème musical est judicieusement appelé "One Winged Angel", il est iconisé à jamais dans l'Histoire du jeu vidéo dans une scène où il tourne le dos au joueur en s'éloignant dans les flammes...Mais comme les fans s'en souviennent, Sephiroth est indissociable de Jenova, entité malveillante revêtant la forme de l'épéiste ténébreux alors que le corps véritable de ce dernier attend d'être réveillé par la Materia Noire au Cratère Nord; une réunion qui ne cessera de tourmenter l'infortuné Cloud dont les souvenirs seront malmenés par Sephiroth / Jenova, le faisant sans cesse douter de la réalité des évènements et de sa propre identité; le Diable insuffle ainsi la peur dans l'esprit du héros afin de permettre sa résurrection. Notons que Sephiroth est également présenté comme une entité inatteignable durant l'écrasante majorité de l'aventure, ne laissant que des traces sanglantes dans son sillage sans que les héros ne parviennent à l'apercevoir de leurs propres yeux.

Annotation :

G-Man.

Entité vraisemblablement extraterrestre revêtant l'apparence d'un homme d'affaires contrastant avec les scientifiques et gardes qui ponctuent l'introduction d'Half Life, le G-Man est le véritable instigateur des évènements qui plongeront Black Mesa dans le chaos; observateur silencieux et omniscient qui semble espionner sans cesse Gordon Freeman à une distance prudente, le G-Man est également immunisé contre les attaques du héros alors qu'il ne cesse d'apparaître de manière saugrenue entre deux fusillades. Ce n'est qu'au dénouement de l'aventure que le G-Man interpelle le héros en lui offrant un pacte salutaire pour sa survie; Gordon n'a ici que l'illusion du choix puisqu'un refus impliquera sa mort directe aux mains des habitants de Xen, dans le cas contraire, il devient prisonnier de son tourmenteur qui ne le libérera que dans les évènements d'Half Life 2 pour provoquer à nouveau le chaos dans les rangs du Cartel. "Sentez vous l'odeur des cendres?"

Annotation :

L'Homme Trouble.

Mass Effect 2 débute par la mort présumée de notre personnage et l'ensemble du jeu baigne ainsi dans une ambiance crépusculaire avec un champ lexical évoquant fréquemment les Enfers ou l'Au-Delà : Omega, Cerberus, Afterlife etc etc la finalité du jeu étant de surcroît de se rendre aux confins de l'univers pour mener une bien nommée Mission Suicide. Pour entamer ce périple mortuaire, l'Homme Trouble ramène Shepard à la vie et notre pacte avec le Diable signe ainsi le prix de notre résurrection; le leader de Cerberus demeure ainsi un interlocuteur éloigné qui ne s'exprime que par l’intermédiaire d'hologrammes dans un décor infernal qui laisse planer peu de doutes sur ses véritables aspirations. Si l'allégeance envers Cerberus est imposée par le scénario, le choix final de Mass Effect 2 consistera fort logiquement à s'émanciper une fois pour toutes de l'Homme Trouble ou bien de lui confier la Base des Récolteurs, permettant ainsi sa suprématie dans le conflit à venir. Pour pousser encore plus loin la métaphore, les options de pragmatisme (fortement encouragées par l'Homme Trouble donc) occasionnent cette fois une métamorphose inquiétante du visage de Shepard comme si ces cicatrices incarnaient la marque de l'influence du Diable.

Par ailleurs, on ne s'étonnera donc pas que l'Homme Trouble incite le joueur à privilégier l'option de contrôle des Moissonneurs durant le dénouement de la trilogie.

Annotation :

L'homme mystérieux.

Énigmatique personnage à l'allure aristocratique, l'homme mystérieux est la seule touche de fantastique dans un jeu pourtant ancré dans la réalité; il apparaît à trois reprises sur la route de John Marston et semble étonnamment au fait de son vécu et de son devenir...Il est ainsi un juge inatteignable (John vide vainement son chargeur dans sa direction) et dont le mystère sera également entretenu dans la suite tardive de Red Dead Redemption.

Annotation :

Lucifer.

A l'étonnement du joueur, Lords of Shadow ne s'achève pas par un affrontement contre Dracula mais bien contre Lucifer lui même; une approche pas si étonnante étant donné l'omniprésence de la foi dans le récit et le sentiment d'abandon de l'humanité par Dieu.
En dépit de sa victoire sur Satan, Gabriel incarnera lui même ce renoncement lors d'une scène Post-Credits quelque peu abrupte.

Lucifer est d'ailleurs incarné par l'immense acteur Jason Isaacs, coutumier des antagonistes manipulateurs à l'écran ou en doublage.

Annotation :

Reaver.

Personnage immortel et machiavélique déjà croisé sur la route de Fable 2, Reaver incarne ici clairement une figure tentatrice durant la deuxième partie du jeu lorsque le personnage est devenu enfin Roi et doit désormais assumer ses responsabilités. Reaver incitera toujours le souverain à opter pour des décisions matérialistes et opportunistes qu'il s'agisse de ravager la nature, d'ouvrir des bordels ou d'employer des enfants comme travailleurs; néanmoins, cette voie déshumanisée est aussi encouragée sur le long terme par la menace à venir sur nos terres et qui nécessite ainsi une puissance militaire (et donc financière) adéquate pour protéger l'ensemble de la population. Entre promesses électorales à tenir, peuple à protéger et aspirations humanistes, le Diable a évidemment son mot à dire pour inciter le joueur à privilégier ses bas instincts...Ou un raisonnement froid et calculateur.

Annotation :

L'Outsider.

Figure énigmatique dans le premier opus, l'Outsider est l'être qui nous confère nos pouvoirs surnaturels par un simple caprice de sa part, selon toute vraisemblance. Peu nombreux sont en effet ceux qui portent sa marque mais par l'intermédiaire de ces dons, il impacte ainsi durablement le devenir de Dunwall alors même qu'il n'intervient pas en personne pour œuvrer à semer le chaos dans les rues de la cité. Personnage très discret dans le cadre de la quête principale, il est pourtant omniprésent dans le jeu par l'intermédiaire d'autels secrets où il pourra commenter les actions du joueur et les superstitions qu'il suscite; personnage doucereux et intimidant, il fait pourtant preuve d'une étonnante admiration pour Corvo si ce dernier choisit d'emprunter une voie pacifiste, comme si sa marque était également une mise à l'épreuve de sa volonté. En observateur omniscient, il sera ainsi le narrateur adéquat lors du dénouement.

Les opus suivants s'évertueront malheureusement à le démystifier en le présentant également comme une victime des évènements ayant amenés à sa création; le joueur aura d'ailleurs l'opportunité de refuser sa marque dans le second opus avant que la conclusion de la série ne propose de l'affronter pour mettre un terme à sa prétendue tyrannie.

Annotation :

Gaunter de Meuré.

En comparaison d'autres figures diaboliques de cette liste, Gaunter fait preuve de bien plus de sobriété et de malice dans son approche auprès de son joueur, ce qui en fait par ailleurs mon Diable préféré des nombreux représentants de cette liste. Il est abordé au détour d'une conversation anodine (mais obligatoire) durant l'introduction du jeu originel et il arbore les traits d'un simple marchand : il s'agit pourtant de l'entité la plus puissante que Geralt côtoiera durant son périple et un adversaire qu'il ne pourra jamais affronter avec ses talents de Sorceleur. Durant l'extension Hearts of Stone, le Diable vient réclamer son dû après un serment non respecté et Geralt n'est ici qu'un intermédiaire et un pantin pour atteindre Olgierd von Everec dont l'immortalité est forcément vouée à payer un lourd tribut. Gaunter demeure pourtant un personnage désinvolte et affable comme lorsqu'il encourage Geralt à poursuivre sa romance avec Shani; son véritable courroux se rappelle pourtant au souvenir du joueur lorsqu'il s'en prend à un poivrot gênant Geralt dans une auberge, figeant le temps avant de planter un ustensile dans l’œil du pauvre malheureux qui a croisé la route du Diable.

Hearts of Stone propose également d'affronter Gaunter à son propre jeu lors du dénouement; pour reprendre les mots de ce dernier, il ne triche jamais et la solution à l'énigme imposée à Geralt lui aura déjà été donnée au préalable par l'intéressé. Notons enfin ce chant macabre joué par des enfants peu de temps après une rencontre avec Gaunter; encore le soucis du détail dans les productions CD Projekt.

Annotation :

Igor.

Seul personnage récurrent de la prolifique série des Persona, Igor nous accueille pourtant avec une voix plus caverneuse que d'ordinaire et des propos quelque peu inquiétants sur les obligations à remplir pour recouvrer notre liberté alors que le tourmenteur nous rend visite dans nos rêves et nous enferme dans une prison assez inquiétante. La vérité sera relevée sur le long terme : cet Igor n'est qu'un usurpateur du guide habituel bien plus convivial des Persona et ce Diable nous incite donc à poursuivre nos péripéties pour assurer son avènement en définitive.

Annotation :

Le Diable en personne.

L'objectif d'Afterparty est quasiment établi d'entrée de jeu : défier le diable à un jeu à boire lors d'une soirée privée pour regagner une nouvelle chance de vie. Avec l'approche humoristique opérée par le jeu, Satan apparaît évidemment comme un personnage beaucoup plus amical et attachant que d'ordinaire, s'apparentant davantage à un dirigeant déprimé et quelque peu dépassé par l'ampleur de sa tâche qu'un être véritablement vicieux et calculateur.

Annotation :

Hanako Arasaka

Présence féminine dans le cadre de cette liste, Hanako nous offre ici un pacte pour l'aider à reconquérir son empire financier tout en nous octroyant une nouvelle chance de vie. Le dénouement associé à cette allégeance est néanmoins assez désabusé car la seule guérison accordée est d'offrir son empreinte mémorielle à Arasaka dans l'espoir de pouvoir revenir un jour sur terre, bref offrir littéralement son âme au Diable alors que cette conclusion se déroule de surcroît dans l'espace. Comme les joueurs le savent, le jeu associe fréquemment les cartes de Tarot aux différents dénouements disponibles, par l'intermédiaire du personnage de Misty, et cette fin est donc logiquement symbolisée par "The Devil".

Annotation :

Le Vieil Homme.

Apparaissant sous les traits d'un vieil homme fébrile marchant à l'aide d'une canne, le Diable nous impose un pacte d'entrée de jeu par l'intermédiaire d'une poignée de main nous infligeant sa marque sur notre peau, la malédiction semblant attirer le malheur sur notre infortuné protagoniste tout en l'aidant à poursuivre son ascension vers le repaire du Vieil Homme au sommet de la montagne. Comme souvent dans cette liste, tout est affaire de contrat non respecté et en l’occurrence un serment désavoué par notre ancêtre à l'origine des tourments infligés à ce dernier et l'empêchant de trouver le repos éternel. Malgré son apparence discrète où le vieil homme se fond aisément dans le décor, il demeure un antagoniste inquiétant qui ne cesse d'observer de loin l'avancée de sa nouvelle victime et s'amuse de sa souffrance; même s'il n'est jamais nommé ainsi, sa nature de Diable est évidente tant la religion occupe une place omniprésente dans le jeu : il souille par notre intermédiaire une église de sa malédiction dès le début de l'aventure et son objectif à long terme s'avère être de prendre possession d'une âme non baptisée, en la personne de la jeune Flurina, figure angélique qui nous aide à sa manière discrète tout le long de l'aventure.

Les différents dénouements proposés par Mundaun sont d'ailleurs les plus radicaux de cette liste sur l'acharnement impitoyable du Diable pour obtenir rétribution envers ceux ayant déjoués ses plans; malgré son allure désuète de vieil homme, il est probablement l'incarnation la plus implacable du tentateur proposée dans le médium interactif, ce qui n'est pas étonnant puisque Mundaun demeure bien un jeu d'horreur en définitive.

Annotation :

Le Bouffon.

Dans un récit moyenâgeux où la religion occupe une place de premier choix, le Diable a évidemment sa place dans une iconographie retranscrivant à l'écran les pensées intérieures d'Andreas : durant la première partie de l'aventure, les actions de notre personnage sont ainsi guidées par la bonté, la raison ou la bassesse, cette dernière caractéristique étant symbolisée par le visage d'un bouffon qui tourne souvent notre personnage et son entourage en dérision.

Fait notable dans le cadre de cette liste : la figure tentatrice du Diable s'estompe dans la deuxième partie après une ellipse temporelle significative; une manière assez éloquente d'illustrer l'effondrement moral de notre personnage, sa lassitude accumulée au fil des années et son absence de dilemmes intérieurs à présent qu'il se laisse porter par les évènements. Le Diable revient néanmoins littéralement semer le chaos durant la dernière partie du jeu alors que le personnage lutte pour conserver un semblant de santé mentale.

Annotation :

Raphael.

La situation de notre équipe est désespérée quasiment d'entrée de jeu et à la métamorphose inéluctable qui nous attend, Raphael croise bien vite notre route pour nous offrir une alternative forcément périlleuse. Le Diable ne fait pas preuve de faux semblants dans le cas présent puisqu'il nous convie immédiatement dans sa demeure infernale pour que nous prenions conscience de la véritable nature de notre interlocuteur; ce dernier s'avèrera même déçu si nous acceptons son offre d'entrée de jeu et il devient rapidement évident que ce pacte incarnera une des nombreuses alternatives possibles pour échapper à notre malédiction funeste, même si nos compagnons infortunés nous mettent évidemment en garde contre ce tentateur aux traits charmeurs.

Fidèle à sa promesse, Raphael n'intervient pas dans la suite de notre périple, préférant laisser le désespoir nous accabler alors qu'il poursuit ses sombres manigances de son côté; nous le retrouvons ainsi au détour d'une conversation alors qu'il tente de corrompre une autre gamine esseulée par les récents évènements. Ce n'est que dans le dernier Acte que nous retrouvons Raphael (dans une maison close, forcément ^^) et qu'il est alors temps de signer le Pacte avec le Diable...Ou bien de s'introduire dans sa demeure pour le duper à son propre jeu; une intrusion qui résulte forcément avec l'affrontement direct contre l'intéressé, dans une scène opératique qui a marquée durablement les esprits. On ne s'étonnera également pas que Raphael dispose d'un nombre conséquent de points de vie à la connotation bestiale, le célèbre 666.