[...] John Agyar découvre Jim, le fantôme et une machine à écrire grâce à laquelle il va tenir le journal de ses faits, réflexions et impressions. John Agyar est un vampire, mais ses notes ne commencent pas par « Je m'appelle John, j'ai 350 ans et je suis un vampire dans la tourmente ». Et le récit de John Agyar s'ouvre sur les notes de quelqu'un d'autre, un quelqu'un qu'il a aimé dont il est séparé, qui détient ses notes. Le journal sera donc le chemin qui a mené à cet aboutissement : je vous conseille de finir le livre en relisant le premier chapitre.
En un sens, le genre de procédé utilisé par l'auteur est déjà connu depuis Anne Rice, en littérature vampire : ce ne sont plus, comme chez Stoker, les autres personnages-narrateurs qui sont témoins des faits du vampire, mais le vampire lui-même qui se raconte. Sauf que Brust s'est amusé à inventer une autre manière, ingénieuse et idoine, de saisir le vampire, qui dit sans jamais évoquer ce qu'il est réellement, jusqu'à éluder, sous forme d'ellipses, les actes trop explicites. [...]