Les combines pour tromper le mari trompé qui donnent une saveur excitante à la stratégie amoureuse, la jalousie justifiée d'un côté comme de l'autre car tromperies entre les deux amants, l'homme prêt à mettre totalement sa dignité de côté pour la femme aimée qu'il s'était juré pourtant de laisser tomber froidement et sans un regard en arrière, et même la panne sexuelle, et même l'avortement... Tout le catalogue des plaisirs et des tourments sur la durée dans une histoire d'amour y passe...
Si certains poèmes élégiaques peuvent apparaître trop hermétiques aujourd'hui, la grande majorité d'entre eux visent en plein dans le mille. Ovide, en se refusant à suivre la politique d'Auguste qui voulait des épopées glorifiant cette dernière, sa personne, et qui en plus condamnait l'adultère, avec les armes que sont l'élégie, l’hexamètre, le pentamètre, la militia amoris, entre autres, au contraire pervertit tout. Et en se refusant à la politique augustéenne, en pervertissant tout ce qui fait cette dernière, et surtout en parlant d'amour, Ovide parvient au résultat d'une oeuvre intemporelle et universelle.
Je fournirai donc toujours matière à de nouvelles accusations ?
J'aurai beau remporter la victoire ; je suis las de combattre si
souvent. Au théâtre orné de statues de marbre, si je me retourne vers
les gradins supérieurs, tu choisis entre mille spectatrices un motif
d'inquiétude. Une jolie femme sans penser à mal fixe sur moi un regard
muet ? Dans son regard tu lis des signes muets que tu me reproches. Je
loue celle-ci : tes ongles s'attaquent cruellement à ma chevelure. Je
critique celle-là : d'après toi, je dissimule ma faute. Si ma mine est
bonne, c'est que toi-même m'es indifférente ; si elle ne l'est pas,
c'est que je meurs d'amour pour une autre. Vraiment je voudrais me
sentir coupable d'une faute : on souffre sans se plaindre la peine
qu'on a méritée. Mais toi, tu m'accuses sans motif, et, parce que tu
crois tout sans raison, tu retires toi-même toute valeur à ta colère.
Vois l'animal aux longues oreilles, l'âne au sort misérable ; il a été
roué de coups ; ils ne le font pas aller plus vite.