Bangkok Déluge fait partie de ces livres où l'auteur semble avoir, avec délectation, mélangé époques et personnages (très nombreux), ce qui est évidemment plus chic que d'avoir opté pour un récit linéaire, pourquoi pas un recueil de nouvelles, par exemple, qui aurait très bien fonctionné ? Rien à dire sur le style de Pitchaya Sudbanthad, impeccable, même si on a vraiment l'impression de lire un auteur américain plutôt qu'asiatique (ce n'est pas un hasard si l'auteur, multiculturel, écrit en anglais). Si les protagonistes sont nombreux dans Bangkok Déluge, aucun n'est véritablement inoubliable et certains sont même anodins, avec une existence plutôt ordinaire. La vérité est que dès le premier tiers, déboussolé par les changements de temporalités, il est très possible de commencer à se désintéresser des intrigues successives et, partant, de tout mélanger dans son petit cerveau submergé à l'image de Bangkok. Ne reste plus qu'à tourner mécaniquement les pages jusqu'à la fin avec, au passage, un chapitre fort bizarre, comme sorti d'un ouvrage fantastique. Désolé, c'est un lecteur noyé et porté disparu qui s'exprime et a presque tout raté, ne captant que quelques rares scènes à la volée (celles concernant le massacre de l'université Thammasat de 1976) sans bien comprendre quelle place elles prenaient dans cet océan de mots.