Le dernier Kaiser a disparu

Le livre ne porte pas réellement sur le règne de Guillaume II, mais plutôt sur la politique étrangère de l'Allemagne menée sous son règne. Il y a donc des passages entiers où l'on ne fait qu'apercevoir le Kaiser.

De toute façon, quand l'auteur évoque ce dernier, c'est souvent sous forme d'anecdotes, en racontant des propos tenus à la hâte, souvent clivants, mais qui ne se traduisent que rarement en décisions politiques, lesquelles sont peu évoquées.

Non content de ne traiter que la politique étrangère ayant eu lieu sous son règne, souvent sans parler de l'Empereur, l'auteur la retranscrit assez mal. C'est une succession de décisions ou de crises classées par thème, sans que l'auteur soit capable de faire ressortir les grandes lignes de la diplomatie allemande, si bien qu'en l'absence de rationalisation, la Chancellerie ressemble à un troupeau de chèvres sans chien de berger, cherchant à s'allier et à faire la guerre avec chaque puissance européenne à tour de rôle.

Cette incohérence diplomatique est souvent mise sur le dos des discours de Guillaume II, sans que l'on sache ce qu'il en est vraiment, puisque la vision diplomatique globale de l'Empereur n'est pas approfondie, son action politique quotidienne n'est pas narrée, à part ses échanges avec son ministre à propos de discours de l'Empereur pouvant poser problème.

En résumé, rien sur les rapports de l'Empereur avec son peuple, rien sur sa vision politique intérieure, rien sur sa politique étrangère si ce n'est à propos de certains de ses discours désapprouvés par son ministre, quasiment rien sur l'action de l'Empereur pendant la Grande guerre (le chapitre dédié fait 10 pages), quasiment rien sur son exil...

Mais vous aurez le droit à des développements sur des théories de droit international, donnant la sensation que l'auteur veut vous rappeler régulièrement que si vous ne voyez pas beaucoup le Kaiser, vous devez absolument savoir que c'est un professeur de droit international qui vous parle.

En lisant ce livre, vous n'apprendrez pas grand chose de nouveau sur la personnalité, la vie ou la politique du Kaiser, mais vous aurez quelques anecdotes sympathiques à ajouter à votre calepin.