Première fois que je lis un livre écrit par quelqu’un dont je n’ai jamais entendu parler sur les rapports entre un peintre que je ne connais que de nom et un homme de théâtre dont je sais juste qu’il est Allemand. Typique des foires aux livres. Un euro. Un ensemble auteur-titre-sous-titre qui sonne merveilleusement bien. Quelques reproductions de tableaux, certes réduite et en noir et blanc. La perspective de déflorer au coupe-papiers un livre aux pages non massicotées, quoique récent : que ce dernier soit un bel objet a fini de me convaincre. Je serais évidemment bien en peine de dire si je partage l’analyse d’Etel Adnan – quatre consonnes et deux voyelles en neuf lettres et plusieurs langues.
Disons que ça m’a l’air convaincant. Si un jour je m’intéresse à la peinture du Tintoret – c’est probable – et / ou au théâtre de Heiner Müller – c’est plus incertain –, je relirai cette brève Fin possible de l’effroi, juste pour voir.
En tout cas, en-dehors de quelques considérations convenues mais toujours bonnes à rappeler (« Contrairement à la musique et au théâtre qui ne prennent sens que dans le déroulement, l’art du tableau n’existe que dans l’immédiateté du présent, c’est-à-dire hors du temps », p. 10) et d’une pertinente définition de la guerre comme « énergie collective si complètement livrée à l’irrationnel » (p. 17), on y trouve l’idée centrale que « Ces scènes [celles du Tintoret], connues mais “racontées” d’une façon visuelle inattendue, créent le genre d’artificialité propre au théâtre » (p. 17-18). Que j’aie identifié cette idée comme idée centrale – je peux me tromper, mais bon… – atteste au moins d’une chose : le propos est clair. Dense, certes – plus dense ou moins dense pour un spécialiste du Tintoret ou de Müller ? je l’ignore –, mais clair.
Je relirai sans doute du Etel Adnan, juste pour voir.

Alcofribas
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le 7 juil. 2017

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