Season finale

Après le très relou Deutéronome, où Dieu bombarde le pauvre Moïse de commandements à la con pendant trente chapitres, le livre de Josué repasse à l'action. Curieusement, Dieu a attendu que Moïse succombe pour autoriser enfin les Israélites à rejoindre la Terre qu'il leur a promise quarante ans plus tôt. C'est un dénommé Josué qui reprend le contrôle des opérations, sans qu'on sache vraiment pourquoi (on nous explique que c'était « l'assistant » de Moïse, je croyais qu'on était prophète de père en fils moi, mais bon, j'ai dû louper un wagon).

Dans un bref prologue, au cours duquel Dieu nous refait le coup de la Mer Rouge (cf. l'Exode), en asséchant le Jourdain afin que les Israélites ne se fassent pas chier à le traverser à la nage, on a droit a une petite circoncision générale (parce qu'apparemment les autorités avaient oublié de circoncire les gosses pendant des années) ; bref, rien que de très classique, somme toute. Mais alors une fois que tout le monde est bien circoncis, ça déconne plus. On a affaire à un véritable récit de guerre, avec la description minutieuse du massacre de tous les habitants de la Terre Promise, ville par ville, en commençant par Jericho. C'est un peu répétitif mais assez épique, il faut l'avouer.

Les villes sont détruites, les hommes, les femmes, les enfants massacrés, rien à foutre, tout cela sous l'œil bienveillant de Dieu, qui guide Josué pendant toute la campagne. À quelques endroits, les peuples arrivent parfois à se rebeller, à ruser, ou à négocier vaguement, mais en gros, le pays entier est conquis par les Israélites.

Après ces effusions de violence, il n'y a plus rien à conquérir, et comme souvent dans la Bible, on en revient alors à des considérations administratives. En l'occurrence, une douzaine de chapitres incroyablement rébarbatifs consacrés au bilan de la guerre et à la répartition des territoires entre les enfants d'Israël. C'est tout simplement une suite de listes, façon calendrier des postes, avec pour chaque région conquise, l'inventaire intégral de tous les bleds, des rivières, des frontières, etc. En gros c'est comme une carte routière, mais en texte.

À la fin du livre, Josué est devenu vieux, et prononce un dernier discours pour répandre la bonne parole de Dieu, après quoi il meurt, avec la satisfaction du travail bien fait. Quant on lit ces lignes, qui concluent un arc narratif particulièrement solide (ça faisait plusieurs siècles qu'il était question de conquérir la Terre Promise quand même), on se sent un peu comme après un season finale d'une série qu'on aime bien, curieux de voir la suite, tout en se demandant comment ils vont bien pouvoir relancer la machine.