L'Épreuve des Champions est la suite du Labyrinthe de la Mort, mais le lecteur y incarne un personnage différent. Le baron Sukumvit, quelque peu déconfit qu'un aventurier ait réussi à triompher de son Labyrinthe, a décidé d'en construire un nouveau, plus grand, plus compliqué et plus mortel (mais toujours aussi absurde), avec une récompense encore plus démente (20 000 Pièces d'Or, pensez donc !). Pour les boutiques de souvenirs de Fang, c'est une aubaine, vu que l'Épreuve draine toujours des milliers de touristes en ville, mais il y a des gens qui ne voient pas ça d'un aussi bon œil. Parmi eux se trouve Lord Carnuss, le frère jaloux de Sukumvit, qui est bien décidé à lui en remontrer. Pour ce faire, il adopte la solution la plus simple : il fait enlever des dizaines de personnes et les fait s'affronter dans des jeux du cirque mortels. Le vainqueur, autrement dit le dernier survivant, a l'insigne honneur d'être son candidat pour le Labyrinthe…
Malgré la nouveauté de cette séquence introductive, inutile d'espérer quoi que ce soit de bon de la part de Ian Livingstone à ce stade. Le lecteur assez naïf pour croire qu'il ait pu prendre un cours de statistiques pour les nuls déchantera vite en découvrant que le livre est impossible à finir pour les héros n'ayant pas 11 ou 12 points d'Habileté, tant les combats contre des adversaires dopés aux hormones sont nombreux (le premier adversaire obligatoire est un H10) ; et même ces héros risquent d'avoir du mal, tant les occasions de perdre des points sont nombreuses. Le lecteur assez optimiste pour croire qu'il ait pu assister à un atelier d'écriture déchantera lui aussi vite en découvrant que le nouveau Labyrinthe est tout aussi décousu et encore plus inintéressant narrativement que l'ancien, avec des monstres banals, des pièges classiques et des objets absurdes disposés au petit bonheur la chance (une putain d'épée magique qui traîne par terre au milieu d'un couloir, c'est le degré zéro de l'effort, merde !). Le lecteur assez enthousiaste pour se lancer dans cette quête malgré tout ça peut s'attendre à relire les mêmes paragraphes encore et encore s'il veut survivre à la bonne vingtaine de combats obligatoires et trouver le bon chemin qui lui permettra d'amasser les dix-neuf (!!) objets indispensables pour boucler l'aventure.
Je n'ai aucune envie de passer davantage de temps sur cette critique. Si vous avez aimé Le Labyrinthe de la Mort, foncez, c'est du même tonneau. Si vous n'avez pas aimé Le Labyrinthe de la Mort, vous ne tirerez rien de celui-ci sinon une profonde sensation d'ennui, pas même de bonnes illustrations (Brian Williams s'en est bien mieux tiré dans les Loup Solitaire).