Lecture proposée sur un forum de lecture que je fréquente, « L'éternité de l'instant » de Zoé Valdés fait partie de ces lectures vers lesquelles je ne serais pas allé spontanément. L'auteur, elle-même exilée de sa terre natale qu'est Cuba, nous parle d'un des peuplements et des métissages les moins connu de cette île de la Caraïbe. Les Chinois furent, en effet, nombreux à venir au début du XIXème siècle y chercher si ce n'est la fortune, tout du moins une vie moins difficile. Elle nous parle ainsi d'une histoire romancée de son propre grand-père qui fit partie de ce flux humain qui participa à la fondation de Cuba.

Lorsque la colonisation économique menée conjointement par les Britanniques, les Français et les Japonais poussa vers la misère et à l'exil des milliers de Chinois, l'Europe et la jeune Amérique étaient là pour les accueillir. On devrait plutôt dire pour les exploiter. Ainsi le Mexique pratiquait encore l'esclavage au début du XIXème siècle et de nombreux chinois se retrouvèrent dans des exploitations, n'ayant pour seul espoir que la fuite et de trouver refuge de l'autre côté de la Mer du Yucatan, à Cuba.

Ce roman traite du racisme, le racisme qui s'applique à celui qu'on estime trop différent de nous et le chinois en fait partie. C'est aussi un ensemble d'histoires d'amour et de lignage plus ou moins complexe et métissé. Ainsi on suit un artiste lyrique chinois parti faire fortune à Cuba et qui laissa une famille haute en couleur en Chine, sans leur donner la moindre nouvelle.

L'aîné, médecin et sage, décide un jour d'aller rechercher ce père disparu. S'engage alors une traversée époque, et plutôt brouillonne sous la plume de Valdés, qui va l'amener à rencontrer de nombreuses cultures pour finalement aboutir à Cuba où il découvrira la vérité sur ce père absent et sur la vie cubaine.

Ouvrage initiatique de Zoé Valdés, « L'éternité de l'instant » se lit agréablement. Il faut cependant noter que la structure du texte basée sur un jeu de hasard et les va-et-vient temporels qu'elle impose à son récit le rende difficile à suivre. Les phases mystiques, tant dans les rêves des héros que dans leurs délires quand ils se font estourbir, même si elles sont délicieuses à lire, ne participent pas du tout à l'éclaircissement du récit. Enfin lorsque, dans le dernier quart du texte, Valdès décrit de façon détestable et non argumentée le régime castriste et attribue des épithètes peu flatteurs à des expériences de cette région du monde visant à l'émanciper de l'empire étatsunien, on se demande en quoi cela concerne ce récit qui se veut une fable paisible et pacifique. Une lecture, bien écrite, mais absolument incohérente.
Bobkill
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le 3 janv. 2011

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Bobkill

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