J'avais un très bon souvenir de Roseanna, mon premier Sjöwall / Wahlöö, et peut-être ai-je un peu idéalisé à partir de cette première expérience la série policière de ce célèbre couple d'auteurs suédois. Aujourd'hui, j'en suis à mon troisième roman, et j'avoue que je ne ressens plus le même enthousiasme. Est-ce dû à ces romans en eux-mêmes, ou au fait que romans policiers et séries télévisées du même genre ont connu un succès de plus de plus retentissant ?
Pour tout dire, l'ambiance pesante de Roseanna, ou encore de L'homme au balcon (à mon sens moins réussi), brille par son absence dans La chambre close. Et pourtant, c'est un petit roman sympathique qui m'a étonnée par l'humour presque constant des auteurs. Humour que je ne leur connaissais pas, pas plus qu'aux scénaristes de The Killing, Bron/Broen ou Trapped. Et contrairement à l'un des préfaciers du roman, Håkan Nesser, je ne crois pas que Sjöwall et Wahlöö aient voulu faire passer un message politique et bêtement radical de gauche. On sent qu'ils se sont amusés à caricaturer la société de l'époque, la politique du gouvernement des années soixante-dix en Suède, sa police, son système économique. Et le message n'est pas si bête que ça, il est juste anti-capitaliste, à sa manière burlesque et outré, ce qui n'a rien de répréhensible (sauf évidemment pour les anciens militants de gauche qui sont aujourd'hui devenus d'ardents néo-libéraux).
Donc, ce n'est pas l'histoire, divisée en deux enquêtes, qui se révèle passionnante, c'est bien plus la manière. Car l'enquête sur l'énigme - éculée - de la chambre close intervient déjà assez tardivement, et ne brille pas par son inventivité. L'autre enquête, plus largement traitée et qui concerne des braquages de banque, n'est pas non plus des plus passionnantes. Et évidemment, on s'attend à ce que les deux se rejoignent ; or la fin est un peu bâclée. D'autant que petit à petit, plus les enquêtes avancent, moins l'humour est au rendez-vous.
Ce qui nous donne là un roman plaisant mais pas complètement réussi, qui permet de passer un bon moment. Sans plus.