Après Steve Jackson, c'est à Ian Livingstone de se lancer dans la cour des grands avec son premier livre-jeu en solo. Comme la Citadelle du Chaos, le résultat est plus intéressant que leur coup d'essai en commun, sans pour autant être exempt de tout reproche.


Côté règles, on retourne aux bases (Livingstone n'en déviera d'ailleurs que rarement par la suite) : pas de formules magiques, votre héros devra s'en sortir à la pointe de l'épée. En revanche, le cadre est tout à fait neuf pour la série : comme son titre l'indique, ce bouquin ne prend pas place dans un donjon ou dans une citadelle, mais dans une forêt. Le ciel bleu ! L'air pur ! Les arbres tueurs ! Le texte parvient à instiller une ambiance champêtre pas déplaisante, qui s'approche parfois du pur conte de fées avec des rencontres comme celle du corbeau qui parle. Certes, avec un titre comme la Forêt de la Malédiction et le fabuleux Changeur de Forme de Iain McCaig sur la couverture, on aurait pu s'attendre à quelque chose d'un peu plus effrayant. Du reste, une bonne partie du livre ne se déroule même pas sous le couvert des arbres, mais à l'air libre, dans une espèce de plaine vallonnée située à l'intérieur de la forêt des Ténèbres. Drôle de géographie !


L'aventure en elle-même est assez bénigne. Il n'est pas question de sauver le monde ou d'éliminer un vilain sorcier, mais simplement de retrouver les deux moitiés d'un marteau de guerre légendaire pour les rapporter au village nain de Pont-de-Pierre. La difficulté est assez peu relevée : il y a peu de chances que les périls de la forêt viennent à bout de votre héros, pour peu que vous disposiez des bons objets (achetables au début dans la tour du sorcier Yaztromo, qui fait ici sa première apparition), et même si vous en êtes réduit à devoir vous battre, les adversaires vraiment redoutables sont rares. Dresser une carte sera facile : les chemins qui parcourent la forêt fonctionnent exactement de la même façon que les couloirs de la Montagne de Feu (rectilignes, orientés selon les points cardinaux, se croisent à angle droit, ne peuvent être empruntés que dans un sens), et vous ne risquez pas de vous perdre. Le livre est tellement gentil que si vous arrivez à Pont-de-Pierre sans avoir les deux moitiés de marteau, il vous laisse la possibilité de revenir à l'entrée de la forêt pour continuer vos recherches ! Idée sympathique qui n'est malheureusement pas du tout prise en compte par le texte (quid des monstres qu'on a déjà tués, des trésors qu'on a déjà ramassés ?). Dommage, mais disons que c'est l'intention qui compte. D'ailleurs, profitez-en bien, parce qu'avec ce bouquin, Ian Livingstone a épuisé l'intégralité de ses réserves de fair-play. On en reparlera.


En fin de compte, c'est un livre que j'ai relu avec plaisir. Certes, les péripéties sont un peu trop disjointes et répétitives, comme toujours avec Livingstone, et l'aventure manque peut-être un peu d'ambition, mais le tout baigne dans une atmosphère bon enfant (les illustrations de Malcolm Barter, certes pas toutes irréprochables, y contribuent bien) à laquelle il est difficile de résister, d'autant que sa faible difficulté le rend bien moins frustrant que d'autres opus de la série (ça sera peut-être un mauvais point pour vous si vous considérez davantage ces livres comme des casse-têtes à résoudre que comme des aventures à lire). Je pense que ça peut faire une excellente introduction au genre pour un jeune lecteur ou une jeune lectrice.

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le 19 janv. 2015

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Tídwald

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