Sus aux misérables, aux gueux, aux clochards, aux SDF, qui défigurent Paris ! Dans sa dernière fable moderne, La maison des anges, Pascal Bruckner n'y va pas avec le dos de la spatule. Et peu importe si la descente aux enfers de son personnage principal, bien décidé à exterminer la "vermine" de la Capitale, ait un taux de crédibilité très bas. Ce n'est qu'un prétexte pour un romancier très remonté qui a écrit un thriller social suffisamment bien agencé pour que l'on passe au-dessus des ficelles du récit, un tantinet voyantes. Bruckner a des comptes à régler, il déverse sa bile sur la bonne conscience de certain hérauts de l'humanitaire et des défenseurs de la veuve et de l'orphelin quand ces derniers campent sur le bitume. Il use d'un ton de pamphlétaire, excessif au possible, dans une verve quasi célinienne, toutes proportions gardées, car l'auteur est trop poli pour s'abandonner à une verve sans limites. Politiquement incorrect et provocateur, La maison des anges voit son cynisme tempéré par une bonne dose d'humanité qui semble plus ou moins forcée. Si l'on en oublie l'aspect volontairement ambigu du message, le livre peut s'apprécier pour son écriture précise et chirurgicale. Il faut un certain talent pour mener à son terme une intrigue aussi improbable que celle de La maison des anges.