C'est très gratifiant de finir un livre en ayant à l'esprit les travers qu'on avait repéré dans le livre précédent, et de les voir présent mais modifié d'une manière subtile qui montre le cheminement de pensée de son auteur. Dans cet ouvrage, il y a tout ce que Ian Mc Donald n'avait pas pu mettre dans Le Fleuve des Dieux, et paradoxalement tout ce qui était en trop a été de ce fait enlevé.
Fini, les scènes de sexes outrancières placée un peu comme des accroches pour "piquer" la lecture par exemple. Fini aussi les intrigues parfois un peu lourdes, et surtout le final grandiloquent qui ternit la narration. Le roman se déroule lentement, page après page, il s'ingurgite rapidement et sans qu'on s'en rende compte, on a terminé l'épopée.
Plus impressionnant encore est la manière dont l'auteur décrit (toujours) aussi bien des villes dans lesquelles il n'a jamais vécu, avec tout un éventail de sensations qui sortent de l'ordinaire. Il y a une impression synesthésique à la lecture de certains passages qui nous font réellement ressentir les lieux, comme s'il suffisait d'enjamber le blanc entre les lignes pour y plonger : La chaleur étouffante, l'odeur des épices mêlées au plastique brûlé, le bruissement des données qui transitent entre les kilomètres de fibre optique d'un bout à l’autre de cette Istanbul futuriste juste ce qu'il faut.