La révolution des androïdes désillusionnés

Krug soit loué ! Le milliardaire a des projets plus grand que lui pour l'humanité. Une humanité infestée d'androïdes, alpha, bêta et gamma. Ces androïdes sont la création de Krug, il y a désormais ceux issus de la matrice et ceux issus de la cuve. Les lignes de code génétique forment autant d'antiennes psalmodiées dans les églises clandestines. Et puis il y a la tour, projet pharaonique destiné à entrer en contact avec d'hypothétiques extraterrestres.


Ce roman agréable de Silverberg aborde deux thèmes majeurs de la science-fiction comme autant de prédictions pour les époques futures. D'une part les androïdes et gynoïdes intelligents et les droits sociaux qui devraient découler de cette capacité à être au monde et d'autre part la figure de Simeon Krug, modèle de tous les milliardaires démiurges de notre temps qui après avoir fait fortune dans la tech se lance dans des projets dignes de la plus traditionnelle anticipation.


Un bon livre où l'atmosphère et l'intrigue se mêlent harmonieusement. En plein cœur de la nouvelle vague SF, il préfigure par le pouvoir du milliardaire Krug ce que sera un des aspects du cyberpunk.


C'est fort bien écrit, usant de mille stratégies littéraires, combinant à merveille la qualité artistique et la prospective même aussi fantasque que la téléportation. L'invention du personnage de Siméon Krug est le parachèvement du génie de Silverberg. Le milliardaire, dieu vénéré des androïdes , nous semble si familier que l'on a l'impression de l'avoir toujours connu. Comme faisant partie d'un bruit de fond médiatique, un rayonnement fossile ayant en permanence irradié nos âmes modernes.


Pour conclure, un roman de science-fiction de très haute qualité qui ne pèse pas le poids de son demi-siècle d'existence. Il nous dit des choses encore pertinentes, soulève des problématiques qui seront de plus en plus actuelles si l'intelligence artificielle arrive un jour à un point de mimétisme humain indétectable.


C'était mon premier Silverberg et autant dire que je n'hypothèque pas l'idée d'en lire d'autres dans un avenir proche.


                        Samuel d'Halescourt

Créée

le 19 mai 2020

Critique lue 88 fois

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