Mon libraire favori m'avait recommandé (sans lui-même l'avoir lu) ce livre, faisant partie des nouveautés mises en avant pour la rentrée littéraire. Selon la 4e de couv, on avait affaire au chef-d'œuvre (jusqu'au prochain comme d'habitude) d'un auteur reconnu avec en plus un accent SF-anticipation-mais aussi critique de notre civilisation-tout cela avec un style à se rouler par terre. Que du bon dirons-nous? Bof, bof au final.
Pour simplifier, je vais faire quatre niveaux de lecture.
- l'idée de départ est plutôt bonne. Une nouvelle civilisation est bâtie autour d'un journal intime rédigé par un type antipathique en plein délire. Le système des valeurs est complètement renversé. En alternance, sont décrites la vie du "rédacteur" ou la vie des autochtones basée sur ledit livre.
- l'histoire est lassante. On a lu des histoires picaresques des milliers de fois. Le fils qui veut trouver son père (et le retournement de fin dans le futur est téléphoné), le père qui a tout flingué, victime d'une femme qui a profité de lui, qui a perdu son fils qui n'était pas le sien. Le seul intérêt (relatif), c'est de réunir les deux univers dans un seul livre. Pourtant, l'alternance (d'ailleurs, c'est une notion essentielle de la partie futur) entre les époque est vite barbante. Pour compliquer le tout, ce n'est pas dans l'ordre chronologique. Il faut arriver vers la fin pour résoudre le puzzle. Ce mélange n'est pas nécessaire, sauf à vouloir "faire tenir" l'intrigue à deux francs de l'auteur.
- l'action est risible. Certains moment sont dilatés à l'excès alors que d'autres sont passés à une vitesse fulgurante (c'est quoi au final les motos?). Ça peut donner de l'épaisseur, de la richesse à un roman pour qu'il forme un univers, mais le digressions sont trop nombreuses.
- style bon mais touffu. L'auteur crée des ambiances à force de descriptions. Londres déprimante, noire, pluvieuse et pourtant attirante et maternelle. Mais il maîtrise mieux la période actuelle que celle du futur. D'autres romanciers ont plus l'habitude de créer des environnements "qui se tiennent" à partir de rien et auxquels on arrive à adhérer. Ici, c'est gauche et peu prenant.
Au final, j'ai eu l'impression de lire un catalogue littéraire de la Redoute. De bonnes petites saynètes noires, des instants prenants, de l'humour parfois et des descriptions chirurgicales, mais entre ces moments, c'est bâclé. L'auteur écrit bien, mais il passe trop de temps à se faire plaisir, délaissant l'histoire et le fil conducteur.
Au départ, je pensais que ça allait verser dans l'humour, le décalage ou bien l'anthropologique et finalement c'est religieux-chiant en général et christique en particulier. Tout est trop sérieux, mais pas assez bien construit pour être intéressant.
PS. J'ai mis du temps à le lire. Je suis passé à un autre roman en cours de lecture parce qu'il me tapait sur les nerfs...
Premier commentaire daté du 7 octobre 2010
Je ne l'ai pas encore fini. Pour le moment, c'est assez noir, à l'ambiance plombante. Au départ, je pensais que l'idée de base (dans un monde qui a été victime d'un nouveau déluge, le testament d'un chauffeur de taxi xénophobe, sale et méchant devient la nouvelle bible) servirait à porter une histoire plus légère, mais l'auteur se prend très au sérieux. J'attends de voir...
PS: le mokni, le langage du futur, est écrit comme du SMS. Certains dialogues sont bien lourds...