Entre Boroboudour et le Testament d'Olympe, j'ai fait un saut en arrière dans le temps de quelques centaines d'années pour atterrir dans la France de Louis XV. Ce texte remarquable nous fait suivre la vie de deux jeunes sœurs, l'une partie à la recherche de l'autre, et permet de toucher du doigt une partie de la vie des villes au XVIIIème siècle.
J'avais vu ce roman sur table, mais je ne sais pourquoi je ne l'avais même pas retourné pour en lire la quatrième de couverture. J'aurais du, et je dois au conseil de Stéphane d'avoir mis le nez dans une narration fluide et très agréable.

J'y trouve bien sûr quelques défauts, peut-être dus à la brièveté du texte qui font qu'à mon goût certains aspects n'ont pas été assez fouillés. J'aurais aimé connaître la suite de l'histoire, la suite de la vie d'Apolline qui, après avoir retrouvé sa sœur, disparaît totalement du récit. Mais j'ai eu énormément de plaisir à suivre Ursule/Olympe dans son ascension fulgurante à la suite du duc de Richelieu, passée de pauvresse à courtisane. J'aurais aimé également plus de description, plus de réflexion peut-être sur les personnages et leur vie quotidienne mais leur absence rend en même temps le texte léger et presque musical.

Cette histoire d'exploitation féminine, bien menée, fait pointer du doigt les différences entre les fantasmes et la réalité, entre l'image d'Épinal des nobles et l'horreur de la réalité, toute faite de calculs et d'opportunisme. De plus, elle semble très juste historiquement, et présente des aspects de Louis XV dont on entend rarement parler, lui que l'on présente le plus souvent comme un bon mari aimant et fidèle. J'ai à la fois regretté et apprécié de ne pas voir parler de la Cour. Regretté parce que, ma foi, j'adore ce genre d'histoire, les mesquineries et méchancetés de ce rare échantillon humain qu'était Versailles. Mais j'ai aussi apprécié, justement, que Chantal Thomas ne tombe pas dans la facilité de cette évocation et s'abstienne d'évoquer ce que son héroïne ne voit pas. Parce que la particularité de ce roman et, je pense, ce qui m'a fait l'apprécier tout particulièrement, c'est cette justesse historique dont je vous parlais couplée à un texte résolument subjectif. C'est Apolline la narratrice, on découvre tout en même temps qu'elle. On lit le journal d'Olympe, on ne sait que ce qu'Olympe sait. À aucun moment on n'a une connaissance plus approfondie des personnages ou des évènements que celle qu'ont acquise les héroïnes (je ne sais pas si c'est très clair, cette phrase). On partage leur naïveté, leurs espoirs, sans jamais avoir en arrière-plan le cynisme ou simplement la connaissance de l'historienne.

Un bon roman historique, bien écrit, bien raconté, finalement, c'est rare !
Ninaintherain
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le 28 mars 2012

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