C'est un excellent petit essai sur un sujet très à la mode depuis quelques années - outre que c'est une résurgence de problèmes bien plus anciens, remontant à Augustin, inventeur, si je ne m'abuse du terme.
La question pour tous ceux qui l'abordent est de savoir si le libre-arbitre est compatible ou non avec les avancées des neurosciences (on parle de compatibilisme). L'approche de Gazzaniga est, au travers d'un parcours assez détaillé des résultats en neurobiologie, est de montrer que seule une approche sociale du libre-arbitre fait sens, le libre-arbitre ne désignant alors pas une capacité à choisir dans l'absolu, capacité qui serait en contradiction avec ce que nous savons désormais du cerveau, mais une propriété émergente dans l'espèce humaine, liée à la nature sociale complexe des groupes humains et à la question de la responsabilité.
Je trouve l'hypothèse intéressante, serait-elle clairement poussée en avant par les motivations de l'auteur à sauver le libre-arbitre sous couvert de sauver la responsabilité. Ce qu'il met en évidence, c'est bien la nécessité, pour comprendre cette notion, de saisir le fonctionnement de la machinerie sociale et de ses modes de contrôle des flux de valeurs et d'actes. Il y a une rétroaction entre la façon dont se constitue une société et la façon dont s'y forment les cerveaux de celles et ceux qui la font vivre et perdurer. Champ d'étude aussi complexe que fascinant, et qui me semble être la prochaine étape de la synthèse à produire entre sciences humaines et sciences de la natures - la sociobiologie n'étant pour le moment qu'assez balbutiante et trop peu à même de véritablement intégrer la complexité du social.