D'abord quelques éléments sur la nature de cet ouvrage, avant d'en proposer une critique.
Déjà, le format : moins de cent pages, de plus aérées et en gros caractères, aux éditions Librio. La bio à proprement parler ne comporte que 40 pages, très rapides à lire. On a donc là une bio très brève, sans aucune prétention d'exhaustivité.
Ensuite l'auteur, Stan Cuesta, n'est pas un fan de Léo Ferré. Il nous explique avec sincérité dans le prologue que cet ouvrage lui a été commandé, à lui, « journaliste de rock » comme il se définit, lui qui était passé à côté de Ferré et qui désormais aimerait que cet ouvrage incite le lecteur à en savoir plus, à balayer les poncifs, notamment ceux qui affirment que Léo Ferré n'était pas un grand musicien
On a donc là un livre qui s'adresse au grand public, pas aux fans comme il le dit lui-même, fans dont certains lui semblent être des fanatiques. Ce petit livre n'est pas une hagiographie, mais une biographie honnête sans grande prétention car nécessairement incomplète. L'auteur balaie ainsi à l'avance certaines critiques qui pourraient être formulées à l'égard de son livre. Les choses sont claires d'entrée de jeu.
On constate en effet que cet ouvrage n'est pas de nature hagiographique, Cuesta est relativement objectif : même si on constate une certaine fascination pour l'artiste, il n'hésite pas à dire par exemple que Ferré massacra volontairement Avec le temps dans certains concerts.
En bon journaliste musical qu'il est, Stan Cuesta donne son avis sur les albums et les chansons, surtout celles qu'il apprécie particulièrement. Ce sur quoi Cuesta insiste le plus en effet c'est sur le musicien, le Ferré qui invente ou opère une fusion entre musique et poésie comme l'explique la citation hommage d'Aragon en exergue.
Il y a en effet peu de choses sur la vie privée de Ferré, quasiment rien sur son enfance, huit lignes peu denses sur ses parents. Au bout de deux pages, on est déjà en 1940, Ferré a 24 ans. Il nous manque des clefs. Mais on ne peut le reprocher à Stan Cuesta, il n'est pas spécialiste de la question et il a fait un autre choix, axer son propos sur d'autres aspects. Ce qui semble l'intéresser davantage, ce sont les rencontres de Ferré, mais il ne développe pas beaucoup plus. Non, ce qu'il met en avant, c'est surtout la discographie de Ferré, ses relations avec les maisons de disque.
Stan Cuesta lance des pistes mais sans trop les développer (sinon ce ne seraient pas des pistes, suis-je bête), par exemple, il présente Ferré un peu comme l'inventeur du rap français, ce qui est très intéressant mais il n'argumente pas ce propos.
Les plus de l'ouvrage, tout de même : une interview intéressante de Mathieu Ferré, fils de Léo, mais aussi des annexes : quelques (courtes) pages sur l'anarchie, l'argent, la poésie et surtout la discographie cd de Léo Ferré, commentée, ce qui est très chouette, une bibliographie un peu commentée, une « vidéographie » et une sitographie (un peu datée, forcément, sauf si le livre a été actualisé depuis dans de nouvelles éditions).
Bilan :
De par le format et le manque de place, et même si c'est annoncé, Stan Cuesta ne nous propose qu'une mini-bio, forcément très incomplète et donc décevante pour celui qui connaît déjà un peu Ferré. Cet ouvrage intéressera donc principalement ceux qui ne connaissent rien ou trop peu de la vie de cet artiste majeur de la chanson française. L'avantage, du coup, c'est que c'est très rapide à lire. Le très gros inconvénient c'est que c'est superficiel, on a pas mal d'infos sur la carrière de Ferré et à mon goût beaucoup trop peu sur l'homme, sa vie privée, ce qui inspira son œuvre.
Bref, Stan Cuesta a atteint son objectif : la curiosité du lecteur est titillée, on a envie d'en savoir plus, de lire une biographie plus complète.
Ce livre constitue donc une courte mais très bonne introduction à l'univers de Léo Ferré.