Anders Fager se situe clairement dans la filiation de l'immense et ténébreux HP Lovecraft.
Il partage avec ce dernier une plume qui suscite des frissons et convoque l'horreur tapie au plus profond de nos cauchemars.
Ses nouvelles, un peu inégales, mais qui pourront sans doute satisfaire des goûts variés, ont toutes en commun la monstruosité ancestrale que chaque être humain redoute lorsqu'il se retrouve seul dans le noir le plus profond. Mais elle peut être exogène ou se révéler plus intime...
Certaines nouvelles se font échos et réverbèrent la peur initiale en l'amplifiant vers une terreur sourde. Le lecteur ne sait plus parfois si le protagoniste du récit fabule les monstruosités ou bien si elles ont pris corps dans notre monde. Cette frontière, souvent ténue, entre le réel et la folie, nimbe de son suaire glacé nombre de ces écrits situés au cœur de la Suède.
Il en résulte une impression de malaise, une caresse humide qui suinte le long de l'échine du personnage et fait frisonner (ou jubiler c'est selon) le lecteur captivé.
Certaines nouvelles placent au cœur de leur propos la malignité qui habite nombre d'êtres humains. La noirceur de certains hommes terrifie plus encore que les monstres convoqués depuis l'imagination fertile de l'écrivain. L'esprit de ses personnages semble néanmoins habité par quelque chose de ténébreux...
Si elles ne sont pas toutes de la même eau, les nouvelles d'Anders Fager méritent le détour mais prenez garde, certains voyages peuvent se révéler sans retour...