Le livre commence sur le suicide d'une femme, se jetant du haut de Bercy, berceau des finances publiques. Elle travaillait aux finances, elle avait disparue depuis plusieurs années, tout le monde la croyait morte.
Tout au long du livre, Bronnec va tisser ou détisser une toile, montrant les liens que les personnages auront eu avec cette femme. Et pourquoi cette disparition, pourquoi ce suicide.
Se servant du prétexte de cette terrible tragédie (liée à une autre), Bronnec va décortiquer le monde de la politique et des finances, les liens qu'ils ont, ambiguës. La pression que les uns font subir aux autres. Les rapports d'influence, la manipulation, la menace. Et l'argent. Celui qui gouverne tout. La plaie aussi qui pourrit les fondations.
Un livre sombre, très sombre, puisque l'intégrité et la non soumission au Monstre Capitalisme, sont malmenés, brimés, bâillonnés. Entre la ministre qui croit aux promesses faites par son gouvernement et veut les tenir, se soulevant contre les banques, et Demory son bras droit qui cherche à découvrir la Vérité, et du pion temporisant les choses, devient celui qui remue la mélasse, ce sont deux portraits de personnages qui sombrent peu à peu, luttent contre des puissances beaucoup plus grandes qu'eux. Et en pâtiront.
Bronnec dépeint le monde d'aujourd'hui, tranchant et sans détour. On re-découvre toutes les imbrications entre les banques et le gouvernement. Les pires ordures prêts à tout pour s'enrichir, rester sur leur piédestal, qui ne se rendent même pas compte qu'ils ont la vie d'êtres humains entre les mains.
Un livre très bien documenté, très précis et explicatif (quand on n'y connait pas grand chose, on peut s'y perdre), tout en étant court (230 pages) et en tenant jusqu'au bout le parti pris du thriller noir.
Un livre qui fait froid dans le dos.