"Les yeux de Sophie" est la traduction française de "The Girl You Left Behind", un roman publié en 2012 par Jojo Moyes, l’écrivaine de romances à succès devenue célèbre grâce à l’adaptation au cinéma en 2016 de son roman Avant toi ("Me Before You" en anglais).
Structuré en deux parties, le roman repose sur une double ligne du temps et suit les destins parallèles de Sophie, une jeune Française dont le mari est au front pendant la Première Guerre mondiale, et Liv (diminutif d’Olivia), une Londonienne traumatisée par la mort inattendue de son mari dans les années 2000.
La première partie du roman se déroule dans le village de Saint-Péronne, au Nord de la France, en 1916-1917, alors que la région est occupée par l’armée allemande. L’entrée en matière est particulièrement réussie avec la scène du "cochon", à la fois drôle et tragique. Moyes parvient presque immédiatement à générer de l’empathie pour ses personnages, leur vie quotidienne faite de privations et de relations tendues avec les soldats allemands. Quelques flashbacks à Paris en 1912 servent par ailleurs à retracer l’histoire du couple Sophie-Edouard, avant leur séparation en 1914.
Dans la deuxième partie du roman en revanche, le charme est rompu. Les péripéties de Liv, au caractère faible et immature, ne parviennent pas à générer le même intérêt que l’histoire de Sophie. Si le tableau "Les Yeux de Sophie" constitue, sans surprise, le lien entre les deux époques, la naïveté, l’entêtement et l’égoïsme sont également communs aux deux personnages féminins principaux… qui finissent par devenir franchement antipathiques.
Dommage pour un roman qui commençait si bien !
J’ai aimé…
- La première partie du roman, très réussie
- Les chapitres courts et bien rythmés, le style très fluide
- Le dénouement pas si prévisible et moins théâtral que prévu de l’histoire de Sophie
- La réflexion sur la restitution des œuvres d’art aux descendants des propriétaires spoliés en temps de guerre
J’ai moins aimé…
- La seconde partie du roman et le personnage de Liv, assez insupportable
- Le dénouement théâtral et assez invraisemblable de l’histoire de Liv
- L’utilisation par la narratrice de l’expression « mon mari » en permanence au lieu de son prénom, y compris dans les scènes de monologue intérieur, avec pour résultat un effet assez mièvre