Le livre « Les lois naturelles de l’enfant », de Céline ALVAREZ, n’est pas tant une révolution de l’Education que le rappel d’une lente évolution qui, il est vrai n’a pas encore gagné tous les acteurs du terrain et encore moins les décideurs de l’Éducation Nationale mais qui, néanmoins, mobilise déjà au quotidien des milliers d’enseignants et de nombreux parents.
Le postulat de Céline ALVAREZ est de se situer, sans ambiguïté, du côté des recherches en neurosciences qui affirment que l’enfant, de manière innée, est ‘câblé’ pour apprendre, pour développer des qualités sociales d’empathie, d’entraide, de bienveillance et d’amour pour les autres. En corolaire, Céline ALVAREZ pointe comme obstacle au développement harmonieux de l’enfant l’organisation de nos classes d’apprentissage basées sur la discrimination de l’âge et ayant pour moteurs l’esprit de compétition, l’attente de la gratification des adultes qui décident ce qui est bien ou non et l’instauration d’un temps et d’un mode d’apprentissage collectif que chacun se doit de suivre, peu importe ses besoins, ses envies et l’état de maîtrise de ses compétences exécutives. Ces compétences exécutives, à savoir la capacité de mémoire de travail qui permet la mise en œuvre d’une procédure et le maintien en point de mire de l’objectif poursuivi, le contrôle inhibiteur qui permet la concentration et l’éloignement des distractions et la flexibilité cognitive qui représente la capacité de détecter les erreurs en cours d’apprentissage et d’y remédier, sont au centre de la réflexion structurée de Céline ALVAREZ pour qui l’organisation, telle qu’on la connaît trop souvent, dans nos formes d’enseignements standardisées, est inapte à l’exploitation de tout le potentiel que recèle chaque apprenant.
Son livre, loin de rester à un stade explicatif d’une théorie pédagogique nouvelle, se veut une illustration de l’expérience menée par elle dans une école maternelle, en zone ZEP, à Gennevilliers. Même si on peut reprocher, parfois, un ton docte et pouvant passer pour donneur de leçon, il faut accepter l’idée qu’avant tout c’est la passion de l’auteure qui s’exprime et qu’elle répète souvent que l’objectif de son livre n’est pas d’imposer un modèle à prendre tel quel mais une invitation à se mettre en chemin, à faire les pas permis par notre maîtrise des lieux d’éducation qui sont les nôtres et par notre propre flexibilité au changement. Nul donc, à la lecture de ce livre, ne devrait se sentir ‘pré-jugé’ et condamné par les tenants d’un apprentissage collectif misant sur la plasticité du cerveau de nos jeunes apprenants, sur la foi développée à l’encontre d’une relation horizontale enfant-adulte plus que maître-élève et sur la puissance d’une collaboration positive entre des enfants d’âges différents mais suffisamment proches pour s’épauler et se renforcer mutuellement.
« Les lois naturelles de l’enfant » se révèle être un appel, une invitation à reconnaître la puissance d’apprentissage de nos enfants … une invitation à réviser nos certitudes et postures éducatives et à nous mettre en route vers une éducation plus efficiente, plus heureuse, pour eux comme pour nous !