Fiche technique

Auteur :

Flora Bonfanti
Genre : PoésieDate de publication (pays d'origine) : Parution France : 2018ISBN : 9782877041942

Résumé : Premier livre d’une auteure née à Rio de Janeiro, premier recueil, premier uppercut. Au-delà de la beauté de l’objet, on tombe un peu par hasard sur un texte d’une force rare, quelque part entre uchronie et poésie. La forme est celle de la prose, quasi philosophique. Les chemins sont ceux de la logique, presque implacable. Et pourtant, tout nous souffle qu’il s’agit de poésie : la fantasmagorie des images, les ruptures de ton, la puissance de frappe de quelques formules — « d’une certaine manière, le sens est l’empreinte des mots. […] d’une certaine manière, le sentiment est l’empreinte du sens ». Mais ce qui trouble est ailleurs : c’est le fait que l’on soit en présence d’une poésie fictionnée, d’une science-fiction poétique ; ainsi du moment où l’auteur imagine une situation où « plus un esprit serait puissant, moins il exercerait sa puissance ». Être de plus en plus fort, ce serait alors de moins en moins exercer sa force sur les autres ; au sommet de la sagesse, l’esprit serait un tournesol gorgé de lumière tout à fait indifférent à l’exercice de son pouvoir. Au bout du compte, l’homme, ou l’esprit, ou la fleur, deviendrait alors une étoile parfaite effondrée sur elle-même : « Toute mort serait ainsi : un suicide solaire. » Un peu plus tôt, on se demande si la mort n’est pas une lente dégestation ; un peu plus tard, on explore la possibilité que l’âme soit mangée par de petits vers immatériels, jusqu’à ce qu’une nouvelle gestation terrestre agisse comme aspirateur des petits animaux invisibles. « L’incarnation serait la terreur des êtres désincarnés, elle serait le passage après lequel personne n’est revenu pour raconter quoi que ce soit. » La vie serait-elle la mort pour les morts comme la mort est la mort pour les vivants ? C’est grâce à ce genre de casse-tête impromptu que cette écriture nous prend par surprise. Un fil plus épique et lyrique court aussi sous le texte : on y trouve des favelas et des amoureux, « une semence de feu cachée au creux d’un fenouil », des torches et des volcans — et même, l’air de rien, une leçon de politique : « Que serions-nous sans nos voisins, toujours prêts à rallumer notre feu au besoin ? »