Marie-Antoinette par Gwen21
Il est fascinant de constater combien l'homme est attaché aux mystères !
Il nourrit véritablement son existence et son histoire de mythes, de mysticismes, de légendes et de mythologies et il est toujours volontaire pour répéter, déformer, amplifier voire créer de toute pièce les contes qui l'inspirent le plus.
Au Panthéon des muses nées de l'Histoire et qui ont ainsi titillé l'imagination et nourri les fantasmes de l'homme, la reine Marie-Antoinette occupe une place d'honneur. A quelle souveraine a-t-on en effet prêté plus de secrets et de trahisons ? Aucune. Or paradoxalement, toute son existence, depuis sa naissance jusqu'à sa mort, a été minutieusement rapportée par elle-même ou le plus souvent par les autres : correspondances abondantes, chroniques de la Cour, journaux et mémoires, portraits, rôles et annales d'Etat, minutes de son procès, rapports des espions et des courtisans... Pas une seule minute de la vie et du règne de celle qui fut la femme la plus violemment aimée et honnie du XVIIIème siècle ne peut échapper à l'historien.
C'est donc avec une grande émotion et un non moins grand sentiment de justice que j'ai compulsé les documents historiques réunis dans cette magnifique anthologie dédiée à la reine Marie-Antoinette. Un ouvrage de référence absolument incontournable pour toute personne s'intéressant de près au règne de Louis XVI et plus particulièrement à la personne de la reine.
Ici, point de biographie romancée, chaque mot porte au coeur avec la cruauté de la vérité. A chaque page se dévoile le tempérament complexe d'une femme qui brilla à la fois par sa grâce et son impertinence, montrant tout au long de sa vie qui fut une succession d'épreuves un courage que n'affaiblirent que de rares moments de doute, d'impuissance, de découragement et de désespoir. Née pour régner, Marie-Antoinette demeura souveraine jusqu'à sa fin, digne des plus grandes tragédies raciniennes.
Comme toutes les anthologies, cet ouvrage se picore et sait se rappeler à votre bon souvenir au détour d'une circonstance. Ainsi, après avoir récemment découvert aux Archives Nationales, dans les vitrines du superbe hôtel de Rohan-Soubise, la dernière lettre manuscrite de la reine avant son exécution ainsi que le testament poignant du roi, ai-je éprouvé une irrésistible envie de m'y replonger. J'y ai retrouvé intacte l'émotion qui m'a saisie quand, découvrant également le journal intime de Louis XVI, précautionneusement ouvert à la page de juillet 1789 par le conservateur, j'ai pu lire, placés en face de la date du 14 juillet, ces mots griffonnés à la hâte par le roi : "rien de particulier".