Bienvenue dans une époque lointaine où le réel se mêle à l’irréel et le religieux au démoniaque. Voici un début de XXème bien sombre où les jeunes filles innocentes sont enlevées par des ombres maléfiques, où les enfants meurent violemment, où les hommes sont soumis à des pulsions indicibles, où les gens deviennent fous et finissent par s’étriper…
Et pourtant, qu’il est long ce livre… Mille fois, on se dit « allez, il ne se passe rien, j’arrête ! » mais curieusement la malédiction opère et un petit fil vous lie à l’intrigue et vous tire jusqu’à la dernière page.
Il est difficile de raconter l’histoire tant elle foisonne de personnages décrits minutieusement dans leur environnement social et familial. Tous sont spectateurs des manifestations de la « malédiction » et tous réagissent comme ils le peuvent dans une époque qui frustre la parole et emprisonne les corps.
Cependant, malgré la violence des faits, le propos reste contenu et « propre sur lui ». Il est vrai que le narrateur est un historien un peu coincé qui juge ses protagonistes, bride son propos et ne fait pas vraiment rêver. Et pourtant, il y aurait de quoi se défouler méchamment car cette malédiction est bien une histoire de sexe, de viols et de meurtres.
Heureusement, alors qu’on en peut plus, Joyce Carol Oates nous fait grâce de quelques pétages de plomb bien sympathiques dans cet univers bridé.
Pour résumer, le diable débarque à Princetown. S’acharne sur une famille et fait beaucoup de victimes. Celles justement à qui l'on avait décidé de s'attacher... Ces drames signalent à tous que le démon est là et qu’il est venu pour se venger de quelque chose… Ce quelque chose vous le saurez à la fin, alors il faut tenir les 800 pages....