Le roman se déroule pendant la crise du début des années trente. La narratrice, Margot, a quitté la ville pour s’installer à la campagne avec ses parents et ses deux sœurs. Le père découvre la rude vie de paysan, il s’investit sans compter pour que sa ferme devienne rentable. Mais très vite une sécheresse implacable s’abat sur la région, la production de céréales et de légumes est en danger et la chute du cours du lait met en péril les revenus du foyer. Car si le loyer ne peut être payé au riche propriétaire terrien qui leur met à disposition (et à crédit) les murs et les champs, la famille se retrouvera à la rue.
J’avoue avoir eu du mal à me mettre en route. Le quotidien raconté par Margot a d’abord des allures de pastorale un peu cucul et l’emploi récurrent de l’imparfait du subjonctif donne au texte une préciosité qui interpelle. Mais passé le premier tiers, les événements s’enchaînent de façon plus fluide. Merle et Kerrin, les deux sœurs atypiques de Margot, apportent du piquant à l’intrigue, tout comme l’arrivée de Grant, un jeune homme embauché par leur père qui trouble énormément la narratrice. Sans compter le renforcement de la sécheresse, la déliquescence inexorable des récoltes, l’ombre de la dette et de l’hypothèque qui plombe l’avenir. Le drame est en marche, la tragédie inéluctable…
Je garderai au final l’image d’un beau roman sur la grande dépression, un roman de la résignation devant un désastre naturel qu’il est impossible de combattre. Résignation donc, mais pas pour autant renoncement car cette plongée dans une middle class frappée par la pauvreté montre aussi la volonté sans faille d’un patriarche refusant de baisser les bras face à l’adversité, persuadé qu’il lui suffit de courber l’échine le temps des vaches maigres avant de pouvoir se redresser. Un roman d’une actualité brûlante au moment de sa publication et dont la thématique reste malheureusement au goût du jour 80 ans plus tard.