Lire Hegel aujourd'hui n'est certes pas chose facile et demande un effort important; il n'est pas question en effet de parcourir ses ouvrages en diagonal ou en zappant constamment les passages par trop abruptes avec une attention inconstante. Car comme l'auteur le précise lui-même, pour saisir le processus de cette pensée "chaque moment est nécessaire" et exige du lecteur de savoir y séjourner.Voilà donc qui risque de rebuter un grand nombre de personnes. Il existe toutefois une compensation non négligeable à cette exigence et rarement évoqué quand à la personnalité de Hegel; il s'agit de son humour. En effet, si l'on accepte de le suivre dans sa démarche, on constatera que, ô surprise, Hegel dans sa démarche critique est souvent "drôle".
J'en donnerai donc ici un simple exemple, l'espérant convaincant:
"Dans l'autre camp nous vîmes en revanche la platitude présenter l'absence de pensées comme un sage scepticisme à l'égard de soi-même et comme un criticisme qui serait une modestie de la raison, et, à mesure que cette platitude manquait davantage d'idées, nous la vîmes accroitre ses prétentions et sa sottise." ( Préface à la première édition, p.48)
Tous ceux qui auront malencontreusement assisté récemment à quelques débats télévisuels réunissant experts et spécialistes de tous poils débattant au sujet de notre malheureuse société saisiront certainement la pertinence de cette remarque sous son angle humoristique.