En septembre 1959, un assassinat sanglant en plein Paris met la Police et la presse dans tous ses états. Un avocat algérien, en lien avec FLN est assassiné avec toute sa famille. Dans l’ombre, le préfet Papon et le sinistre Deogratias tirent les ficelles, mais c’est sans compter sur la perspicacité d’un jeune flic, l’acharnement d’un ancien collabo manchot avide de vengeance et la détermination d’un ancien résistant corse devenu convoyeur de drogue et d’anisette. Ces trois personnages au destin diamétralement opposé vont se retrouver bien malgré eux dans une intrigue à enjeux multiples avec au centre une manipulation politique dont personne ne pourrait ressortir indemne.


Pour son premier roman, le journaliste Thomas Cantaloube réalise un joli coup avec ce roman noir au scénario diabolique et très bien ficelé dans lequel chaque personnage est construit avec un soin tout particulier, dessinant au fil des pages des personnalités complexes et attachantes, malgré la part d’ombre qui se dessine derrière certains.
A partir de cette petite histoire politico-crapuleuse, l’auteur évoque la grande Histoire, celle d’une France vivant les dernières heures de la IVe République, avec en point d’orgue morbide, l’assassinat, par la police, le 17 Octobre 1961, d’algériens pacifistes.


Au détour d’une page ou d’un chapitre, on croisera de nombreux personnages imaginaires mais aussi quelques noms importants de la Cinquième République : Michel Debré, François Mitterrand, Charles Pasqua, Jean-Marie Le Pen… puisque Thomas Cantaloube a eu la bonne idée d’entremêler faits réels (l’attentat de l’OAS contre le Strasbourg-Paris, la création du SAC, l’attentat de l’Observatoire…) et fiction, comme si de rien n’était. Et ça fonctionne parfaitement pour le plus grand plaisir du lecteur !


Les 540 pages de ce roman se lisent d’une traite ou presque avec un récit touffu, sans temps mort, dans lequel il se passe toujours quelque chose.
L’ambiance de l’époque, avec ce Paris grisâtre sur fond de Guerre d’Algérie et de répression sanglante, est parfaitement rendue par l’auteur, dans une langue presque d’époque, un peu fleurie et en tout cas très plaisante, qui évoque le cinéma en noir et blanc de la fin des années 50, des films de Gilles Grangier, (Le désordre et la nuit), Melville, mais aussi les bandes dessinées de Tardi quand celui-ci adapte Pierre Siniac ou Léo Malet.


Une grande Série noire et un polar historique passionnant qui, espérons-le, ne sera que le début d’une belle carrière de romancier pour un Thomas Cantaloube qui maîtrise déjà parfaitement les codes du genre.
https://www.benzinemag.net/2019/09/17/requiem-pour-une-republique-un-polar-tres-noir-et-palpitant-de-thomas-cantaloube/

BenoitRichard
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le 17 sept. 2019

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