La plupart des biographies perdent leur intérêt par leur prétendue objectivité qui n'est qu'une façade à parti-pris souvent grossiers. Dans le cas de la Révolution française, période qui cristallise encore (et c'est tant mieux) de vivaces passions, on ne compte plus les prétendus procès de prétendus historiens pour aboutir sur des bases biaisées à des conclusions fumeuses (oui Frank F., tu fais partie des fautifs. Gageons que le jugement de l'Histoire laisse tes conclusions dans la même catégorie que les plus audacieuses prédictions de Mme Soleil)
Dans la même lignée que le livre de Yannick Bosc et Marc Belissa, (Robespierre, la fabrication d'un mythe), Jean-Clément Martin s'attache à présenter non pas Robespierre, mais le peu que l'on en sait, et comment ce presque-rien s'est transformé en légende dorée ou noire.
Pour cela, il inscrit Robespierre dans son contexte social, et loin d'être une anomalie, de par sa condition d'orphelin, de célibataire, Martin montre au contraire comment sa vie pré-révolutionnaire ne diffère guère de celle d'un jeune homme bourgeois de l'époque.
Sur son rôle dans la Révolution, et surtout la Terreur, dont il passe encore pour être l'instigateur, Martin apporte des arguments plus que convaincants sur l'impossibilité du rôle de génocidaire avide de sang qu'on lui fait encore endosser aujourd'hui.
Il ne cache cependant pas ses compromis, voire ses ambiguïtés politiques : l'une des thèses de Martin, plutôt convaincante, affirme le manque de colonne vertébrale politique de L'incorruptible qui, pour le dire vite, naviguait à vue dans le chaos de la Révolution. Et ce sera après son exécution (le lendemain même !) que naitra la légende du dictateur, coupable de tous les crimes de la Terreur.
Ni saint républicain ni bourreau psychopathe, donc.