Lucasarts reste un grand studio de développement pour beaucoup de joueurs. En particulier, pour ses point and click. Depuis, la firme a un peu perdu de sa superbe à vouloir décliner à l'excès sa licence phare, Star Wars, oubliant que l'inventivité vient aussi de nouveaux horizons. Pour les nostalgiques, curieux d'en savoir plus, de se repaître d'anecdotes et de documents rares, Rogue Leaders, the story of Lucasarts de Robert Smith est le livre à avoir. Un subtil mélange de beau livre et de biographie.
Un beau livre à posséder
Cet ouvrage se classe sans problème dans la catégorie des beaux livres. La couverture cartonnée se pare d'une superbe image changeante. Dès que l'on bouge un peu l'objet, le lecteur découvre une nouvelle illustration. Dark Vador, Day of the tentacle et quelques personnages de Monkey Island défilent sous nos yeux. Un portrait de famille en somme.
Dès que l'on ouvre le précieux livre, l'émerveillement continue. Les illustrations sont nombreuses, les couleurs d'une grande vivacité, quelques pleines pages viennent se glisser sous nos doigts. Artworks, images in-game de jeux, croquis...le panel est vaste et nous montre la complexité du travail artistique d'un développeur. Entre l'idée crayonnée, l'affinement et la finalisation méticuleuse de ce qui n'est encore qu'une illustration.
A côté de ces dessins et autres peintures, le lecteur retrouve également de nombreuses photographies. L'occasion de doucement rigoler en contemplant les visages caricaturaux d'informaticiens des années 80. On découvre, ou redécouvre, des jaquettes de jeux préhistoriques de la compagnie, des classiques aussi.
Lucastarts, par une utilisation aussi abondante d'archives visuelles, nous montre à quel point la compagnie est riche de souvenirs. Un peu comme les grands-parents avec leurs petits enfants, lors de vacances un peu longues, ces grands créateurs nous dévoilent avec une certaine langueur leur passé.
Des pages très fournies
A la lecture du livre, on comprend le sens du mot exhaustif. L'histoire de cette compagnie mythique nous est racontée par le menu. On part des origines véritables, ces petits balbutiements qui ne payaient pas de mine, les premiers jeux sur Atari 2600 comme The Eidolon ou Koronis Rift, des jeux de vaisseaux spatiaux et d'exploration (l'avant Star Wars), avant de se diriger tranquillement vers les classiques de la compagnie.
Parmi les évocations pertinentes, on retrouve une explication de la création de Scumm, le système de dialogues utilisant des verbes pour accomplir des actions. Maniac Mansion fut le pionnier de cette interface qui révolutionna en son temps les jeux point and click.
C'est ainsi qu'au fil des pages le lecteur comprend la genèse de grands projets comme Day of the tentacle, Monkey Island en passant d'une anecdote à une citation pour retourner à un texte plus académique qui nous raconte les détails de l'affaire. L'ouvrage s'arrête à l'année 2008, Star Wars ou Fracture sont désormais les vedettes de la compagnie.
Des croquis en pagaille
On lira cet ouvrage avec toute la flânerie nécessaire. En parcourant une page avant de sauter vers un autre chapitre, en se laissant quelques fois aller au plaisir de la contemplation des illustrations qui parsèment le livre.
La mise en page est intelligente et arrive à rendre digeste une somme d'informations pourtant dantesque. En aérant le texte, en superposant les effets de style, en coupant les textes par des illustrations ravissantes, les petits gars de chez Lucasarts rendent ludique leur propre histoire.
Seulement, petit voire gros bémol pour certains, le livre n'est pour l'instant disponible qu'en anglais. Les anglophobes devront patienter, ou prendre des cours...c'est plus prudent. Le niveau requis n'est pas exceptionnel mais demande tout de même un certain apprentissage sous risque de devoir se creuser la tête avec un dictionnaire à ses côtés pour chaque page.
Conclusion
Rogue Leaders, the story of Lucasarts reste incontestablement un beau livre à posséder pour tous ceux qui s'intéressent aux jeux vidéo et encore plus pour tous les nostalgiques qui ont aimé si fort cette compagnie mythique. Un voyage dense, avec de nombreuses illustrations et une foule d'anecdotes mais qui a le défaut de n'être qu'en anglais. Dommage, on approchait presque l'excellence