A priori le nom de Nick Cutter ne devrait pas vous dire grand chose, peut être que celui de Craig Davidson vous est plus familier. Non ? Et si je vous dis Un Goût de Rouille Et D'Os, porté à l'écran par Jacques Audiard en 2012 sous le titre de Rouille Et D'Os avec les interprétations magistrales de Marion Cotillard et Matthias Schoenaerts. C'est sous le pseudo de Nick Cutter que l'auteur libère le côté obscur de son imaginaire…
Âmes sensibles s'abstenir ! L'auteur n'y va pas avec le dos de la cuillère quand il s'agit d'en faire voir de toutes les couleurs à ses personnages (rappelons-le, des gamins de 14/15 ans), tout comme il n'est pas avare en descriptions détaillées. Gore c'est gore, il nous reste qu'à vomir… aurait pu chanter notre Johnny national. On est clairement dans le registre horrifique parfaitement assumé (et même revendiqué), mais construit intelligemment (l'auteur évite de surjouer au risque de basculer dans la mauvaise série B, voire série Z).
Nick Cutter soigne ses personnages (ce qui ne l'empêche pas de leur faire subir les pires tourments par la suite) en dressant des portraits psychologiques soignés. Chaque ado a sa propre personnalité, on passe ainsi de la star du collège (le beau gosse musculeux mais dont le vide neuronal est abyssal) au nerd obèse qui fait office de souffre douleur idéal pour ses camarades, en passant par le sociopathe à tendance psychopathe. Chacun réagira à sa façon face au danger ; et tant pis si ce n'est pas toujours dans l'intérêt de tous…
L'intrigue est bien construite, jouant habilement sur les variations de rythme (sans jamais totalement faire tomber la pression) afin de laisser le temps au lecteur de reprendre son souffle avant la prochaine déferlante. Entre les chapitres on trouve des extraits de procès-verbaux et autres « documents officiels » permettant au lecteur d'avoir une vision plus large du phénomène qui menace l'île.
Le style est soigné mais sans fioritures, l'idée étant de privilégier l'action et de maintenir une certaine tension nerveuse de la première à la dernière page. C'est gore mais paradoxalement je n'ai pas trouvé le récit flippant (même si l'idée de base à de quoi faire froid dans le dos). Il n'en reste pas moins que la prochaine fois que des vers viendront me titiller le trou de balle certaines images pourraient bien me revenir en pleine tronche…