Avertissement : livre lu et critique rédigée dans le cadre du prix SensCritique du Premier Bouquin.
Le pitch : au fin fond de l'Alabama, dans les années 20, un électricien frustré décide de raccorder (illégalement) la ferme dont son épouse a hérité au réseau électrique. Manque de veine, sa fausse bonne idée cause la mort d'un homme : direction la case prison.
Un travail comme un autre est clairement le mieux écrit des quatre livres en lice pour le prix SCDPB. Ce n'est pas que le style soit d'une grande qualité, bien au contraire, il est simple, très descriptif, mais c'est précisément ça qui en fait le mieux écrit des quatre : il ne tente rien qu'il ne soit pas sûr de réussir. C'est peut-être un peu lâche, mais mine de rien, c'est vraiment agréable de ne pas passer mon temps à buter sur un mot, une figure de style ou une tournure de phrase lâchée à mauvais escient. J'ignore s'il faut louer l'autrice ou sa traductrice pour cela, mais quoi qu'il en soit, merci à qui de droit.
C'est aussi le livre aux personnages les mieux campés des quatre. Reeves utilise judicieusement l'alternance de points de vue pour donner vie à Roscoe et Marie, dont la relation constitue le véritable noyau de l'histoire. L'évolution de leur relation est finement retranscrite, l'euphorie des débuts disparaissant bientôt pour laisser place à un vide impossible à combler, malgré tous les efforts du protagoniste. Remords, culpabilité, mensonges par omission, rancune, tous les ingrédients sont réunis. La recette n'a certes rien d'original, mais le mélange prend bien.
Comme d'autres jurés, je n'aurais sûrement pas lu ce livre sans le prix SCDPB, mais c'est sans doute celui-ci dont j'aurais le plus regretté de manquer la lecture (à égalité avec Anthracite, dont le sujet m'intéresse davantage mais le traitement m'a moins satisfait).