Rythmé et bien mené, un bon polar.
Bon, 8 c'est peut-être un peu exagéré...disons que ça vaut un petit 8 ou un grand 7.
Un vrai jeu d'enfant est le premier roman de François-Xavier Dillard (jeune auteur fort sympathique d'ailleurs, s'il lit un jour ces mots, il a le bonjour du stagiaire du salon du livre 2012).
C'est un polar, et polar plutôt bon, qui sait tenir son lecteur en haleine, avec des chapitres rythmés qui se terminent souvent par quelques phrases d'accroche type feuilleton.
On apprécie aussi beaucoup l'humour de l'auteur, c'est frais et agréable, dans une histoire sordide, malsaine et violente, ça fait un bien fou.
Mais ce que j'ai le plus apprécier dans ce livre, c'est le changement de ton en fonction du personnage qui parle. En effet, chaque chapitre est vu par un personnage différent: tout d'abord les trois persos principaux bien sûr, donc la jeune fille, le maton et le flic. Mais interviennent ensuite d'autres personnages secondaires qui auront leur propre voix à travers ces chapitres, et ça c'est très appréciable: du coup, les personnalités sont fouillées, on ne diabolise pas vraiment un seul personnage, on les comprend tous, on comprend leurs motivations, et même les plus détestables peuvent nous paraitre plus ou moins compréhensible quand on aborde leur point de vue. Un coup de maître quand on met en scène des personnages aussi détestables que Ben. Je précise qu'on n'aime pas pour autant le personnage, mais on le comprend, ou tout du moins on comprend pourquoi il agit ainsi. On va pas aller jusqu'à dire que toutes les horreurs qui arrivent dans le roman sont normales et bien jolies, mais les motivations et les réactions des personnages paraissent du coup parfaitement logiques. On se dit que, peut-être, si on avait été à leur place, avec leur vécu à eux, on aurait réagit pareil. Peut-être. Et c'est ça qui est terrible d'ailleurs.
Pour finir, j'ai adoré la petite phrase dans les remerciements: "merci à mon éditrice qui m'a habilement convaincu que, non, vraiment, un chapitre avec des pigeons qui parlent n'était vraiment pas indispensable". Après une histoire aussi noire, j'ai éclaté de rire.
J'ajouterais que l'auteur a de sérieux problèmes psychologiques vis à vis des enfants et des pigeons. Mais bon, après, c'est son problème.