Il n'est pas aisé d'écrire une critique négative sur un livre qui traite d'un sujet aussi sensible que "la race" - et je m'aperçois que je rechigne à utiliser ce terme. Mais bon, peu importe les thèmes abordés, un roman reste une œuvre d'art critiquable, et en l'occurrence Americanah est long et dénué de passion. Je me suis ennuyé à mourir : l'histoire d'amour principale est pauvre de chez pauvre - en vérité, je ne sais même pas en quoi les personnages s'aiment. La protagoniste a plusieurs autres aventures, mais uniquement avec des têtes à claques ; j'en étais exaspéré pour elle. Effectivement, si les hommes sont tous aussi plats et insipides, on a envie de clamer "girl power!". Sauf que les "girls", ce n'est pas beaucoup mieux...
Qu'est-ce que j'ai appris dans ce roman, si ce n'est que les nigérians éduqués ont une vie aussi ennuyeuse que celle des occidentaux ? Pas grand-chose. Et encore, si l'auteure avait eu conscience de cet ennui, elle aurait pu en faire un sujet, mais non. Des personnages avec une libido qui augmente en même temps que les points d'Obama dans les sondages, et qui se plaignent pendant des pages et des pages de la manière dont on perçoit leurs cheveux crépus, voilà grossièrement ce qui constitue le roman. Concernant les interludes capillaires, ce n'est pas un homme atteint d'alopécie qui va juger le complexe des uns et des autres, mais sérieusement, de là à en parler autant, avec un ton aussi sentencieux...
Oh, j'espère que personne ne pensera que je suis condescendant. Si j'ai lu ce livre, c'est parce que je m'intéresse au sujet, parce que je voulais changer de point de vue, qu'Adichie me semblait être une écrivaine talentueuse. Et finalement, ce que j'ai préféré, ce sont les articles de blog écrits par le personnage principal. Ce sont les seuls passages qui donnent matière à réfléchir, rédigés dans un style serré et caustique. Le reste est une mauvaise mise en scène idéologique. Peut-être que j'aurais mieux fait de me tourner vers un essai directement.
Bon, pour résumer, c'est un livre qu'on vous tend après vous avoir dit : "Tu t'intéresses à la question noire ? J'ai quelque chose pour toi." Et vous, vous le prenez alors que vous devriez répondre : "Tu n'aurais pas un livre moins académique, avec une portée artistique plus importante, en d'autres termes : un meilleur roman ?"