Cherokee
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Cherokee

livre de Jean Echenoz (1983)

Echenoz et moi, c'est une histoire d'amour qui débute un matin dans un avion. La veille, j'avais mis dans mon sac son Jérôme Lindon, je n'avais jamais rien lu de lui. Je fais la majorité de mon trajet dans les bras de Morphée, comme d'hab, et au moment de la distribution de croissants j'entrouvre un œil et mon livre. Ce jour-là j'avais rendez-vous à la centrale d'achat d'une chaîne de magasins culturels, et ils ont eu dans leur salle d'attente une intervenante en larmes. Il a fallu que je fasse un tour par la cigarette et après les toilettes pour effacer mes gros yeux rouges, j'ai rarement autant pleuré à la lecture d'un livre. Ce n'est pas un roman, c'est une lettre d'amour, c'est un bijou, c'est une merveille de l'histoire de l'édition française, et aussi bien sûr de la littérature française. Du coup je me suis mise à acheter tout les romans d'Echenoz. C'est pas désagréable, tout est chez Minuit, ça fait clâsse ... Et je les ai alignés dans ma PAL. Et je les lis petit à petit. Je n'ai pas réellement retrouvé l'émotion du premier, mais j'ai adoré Les Grandes Blondes, beaucoup aimé Je m'en vais et Des Eclairs.

Cherokee ne restera pas dans mes préférés. C'est un peu trop polar, un peu trop roman noir, un peu trop Blier-Gabin pour moi, une ambiance que j'aime cinq minutes mais pas deux jours, je n'ai pas réussi à me concentrer dessus. Il ne manquait pas les dialogues d'Audiard, la langue d'Echenoz reste miraculeuse, mais une espèce d'alchimie ne s'est pas faite. Je vais le faire lire à mon cher et tendre, par contre, lui qui adore ces ambiances pleines de brouillard, qui regarde en boucle « La Cité de l'indicible peur » de Mocky (non-amateurs d'absurde, s'abstenir). C'est une histoire un peu embrouillée autour d'un mec dont on pense au début qu'il est innocent comme l'agneau qui vient de naître, et dont au fur et à mesure de ses aventures on s'aperçoit qu'il a des accointances dans un milieu qu'on n'imaginerait pas. Il pourchasse une femme entr'aperçue dans la rue, entre au service d'une agence de détectives, retrouve un volatile égaré et se retrouve offert en sacrifice aux zélateurs acharnés d'une secte bizarroïde. On imagine assez un grand escogriffe, un Pierre Richard en plus machiavélique. Ventura en cousin, certainement, Blier en flic comme d'hab mais pas de rôle pour Gabin !

En quat'de couv' il y a un courrier de Manchette qui dit que ce roman devrait être illisible mais qu'il l'a adoré, c'est sûr que c'est une consécration mais j'aurais aimé quelque chose d'un peu plus punchy je pense. Là ça reste lent et assez abscons par moments. Bon, tout ça pour dire que voilà, je n'adore pas tout d'Echenoz, peut-être est-ce un signe de santé mentale...
Ninaintherain
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le 27 mars 2012

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