Beaucoup de bruit pour rien...
La curiosité est un vilain défaut... Intrigué par la saveur du moment qui fait palpiter le cœur de la ménagère en mal de sensations fortes, je me suis penché sur le cas "Fifty shades". Annoncé comme LE phénomène littéraire de l'heure, il était étonnant qu'une version épicée d'Arlequin puisse remporter un tel succès. On pouvait même s'interroger sur le goût douteux de cette couverture cravatée.
L'histoire tient en deux phrases : Une vierge ingénue tombe dans les griffes d'un mâle dominant qui tente de l'entraîner sur le chemin de la perversion. Le bellâtre veut l'initier à des plaisirs déviants pour atteindre l'orgasme suprême...
Et que dire de la série de clichés : du langage cru aux échanges de courriels coquins, en passant par la conscience torturée, rien ne nous est épargné. Ce livre est fabriqué de toute pièce pour faire rougir les pucelles effarouchées ou les ménopausées (excusez mesdames de la rudesse de mon propos). Il n'y a vraiment que les Américains pour crier au scandale. Et pourquoi ? Des ébats amoureux où un golden boy se prend pour un étalon, plus à l'aise le pantalon baissé que pour parler de ses états d'âme...
Avec un épilogue qui se clôt par une déchirante séparation, gageons que les prochains tomes feront monter les enchères et pleurer dans les chaumières.
Non, ce roman peut décidément aller se rhabiller. Le marquis de Sade peut se rassurer, ses écrits ont encore de beaux jours devant eux. Et le mordant de sa plume n'est point écorché par ce Fifty shades.