Ce récit se lit comme un thriller. Marc Boulet a vécu plus d'un mois dans la peau d'un intouchable, la caste la plus basse de l'Inde. Il raconte sous la forme d'un journal, l'apprentissage de la langue, sa transformation et son vécu.


Il faut savoir que l'auteur est un surdoué en langue. Il apprend parfaitement l'hindi en un rien de temps comme il a assimilé le mandarin lors d'une autre expérience.


Dormant à même le sol et ne vivant que des bénéfices de sa situation de mendiant, il subit l'humiliation du regard et du comportement des autres indiens y compris de ses pairs plus ou moins de mêmes castes.


Boulet le dit, il n'a pas traversé une période du moyen-âge européen mais bien plutôt une civilisation antique. Son statut est proche de l'esclave. L'inde moderne est encore et toujours par bien des traits, une société antique.


Le style est brut et direct. L'auteur ne cache pas ses sentiments les plus violents, ni ses envies, ni ses émotions. Il est vraiment dans la peau d'un misérable et en même temps il reste un européen, français, athée, et égalitariste. Il dit qu'il se transforme. En réalité l'aigreur le gagne et il termine son parcours épuisé.


Son texte est passionnant. Cela dit, l''inde décrite ne recèle pas de compassion, de discernement, ni d'intelligence. La chape de la tradition et de la religion est trop forte et le statut d'intouchable est bien pire que celui des roms dans nos villes.


Son témoignage est essentiel et pourtant ce pays a énormément de facettes et se développe tous azimuts (le livre a plus de 20 ans). La société que décrit notre auteur ne correspond surement pas à toutes les réalités du sous-continent. Il existe évidemment des indiens bons, ayant de la compassion et qui ont du recul sur leurs traditions. Y compris parmi ceux qui ne sont pas encore occidentalisés. C'est peut-être le seul bémol que je donnerai aux réflexions de Boulet. Il ne laisse pas beaucoup de champs à une autre vision. Il se permet pourtant beaucoup de considérations politiques, religieuses et sociétales tout au long de son récit. Il aurait pu un peu élargir son propos. Peut-être qu'il en était incapable sur le moment.


A lire sans détour.


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Seemleo
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le 9 mars 2019

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