Joseph, soixante-neuf ans, c'est un vieux qui joue du piano, dans tous les lieux de passage, aéroports, gares dans l'espoir que Rose l'entende du bout du monde. Il ne joue que du Beethoven. C'est ce que lui a appris Rothenberg son professeur. Il n'est plus jeune depuis longtemps depuis le 2 mai 1969, où sa vie a basculé. Depuis ce jour, il a attrapé la pire maladie qui existe sur la terre, il est devenu orphelin.
Joseph va nous raconter sa vie dans l'orphelinat Les Confins. Les corvées quotidiennes, les brimades, les maltraitances ; « l'oubli » l'ancien cellier transformé en cellule d'isolement pour les fortes têtes ; Momo, le petit pied-noir demeuré, l'abbé Sénac, le directeur ; Grenouille le surveillant général, un salopard, une crevure, un fumier ; Fouine, Edison, Sinatra et Souzix les membres de la Vigie, la société secrète, et leur devise « chacun pour soi » ; les concours de celui qui raconte l'histoire la plus triste. Ici, le seul moyen de survivre, c'est de disparaître, de ne pas se faire remarquer.
Pour se donner du courage, Joseph parle avec Michael Collins, le troisième homme d'Apollo 11, le seul qui n'a pas mis le pied sur la lune.
Le jury du prix RTL/LIRE a bien choisi son lauréat 2021. Voilà un roman qui ne peut laisser indifférent. L'écriture tout simplement splendide de Jean-Baptiste Andrea nous transporte, des mots remplis d'humanité, de sensibilité, jamais larmoyants, toujours juste. Une exploration de l'âme d'un enfant. Un récit bien construit, où l'on découvre peu à peu pourquoi cet homme s'obstine à jouer du piano dans les lieux publics. L'histoire d'une enfance abîmée, une belle histoire d'amour aussi.
Entre rire et larmes, ce roman est un vrai bijou.