Morale sadienne

D'aucuns seront déçus par ce texte du marquis, considéré comme très "soft" quand on connaît Sade dans toute son ampleur. Cependant, c'est un texte très intéressant à lire qui dans le style sadien habituel, expurgé des scènes sexuelles ou outrancières dont il a l'habitude, développe les fondements de ce que j'appellerai la morale sadienne. Car oui, Sade, peut paraître à bien des égards immoral dans de nombreux textes, indépendamment qu'on se place dans une logique religieuse ou non, mais dans Ernestine, Sade propose une vision morale de la vertu, dans ses faiblesses, comme dans sa force à partir du vice. Classiquement la vertu chez Sade est fait de crédulité ou de faux-semblants, mais elle ressort aussi triomphante dans Ernestine d'une autre manière car Sade a le souci de comprendre le crime et le criminel avant de le juger.
C'est un Sade que certains trouveraient hypocrite tant il a donné au crime et au criminel dans d'autres textes, le 'beau" rôle, ceci étant dit cette vision plutôt humaniste d'une justice parfois trop aveugle, une croyance dans la rédemption transparait dans d'autres œuvres nous laissant croire si on le juge à sa juste valeur, que Sade bien que conteur des plus vils instincts humains, espérait tout de même de trouver dans le vice ou à partir du vice, une vertu bien plus vraie et plus profonde que celle, pharisienne, des vertus de convenance dictées par les moralistes cléricaux ou aristocrates de son temps. Un morale libertine en somme.