(8,5 etant ma vraie note)
Jaworsky est très très fort, c'est indéniable.
Comme je l'ai largement dit pour son premier effort "Janua Vera", c'est une des plus belles plumes que j'ai pu lire ces dernières années avec Damasio.
Mais ce qui fonctionne pour des nouvelles, fonctionne t il pour un pavé de presque 1000 pages ?
Majoritairement oui.... mais.
Oui car le talent incroyable de l'auteur pour nous conter, nous raconter, et nous emmener dans le tourbillon des intrigues de Ciudalia est époustouflant. Les pages défilent sans que l'on s'ennuie, même s'il flirte parfois avec la limite du verbiage. Mais ce n'est que du flirt, et jamais il ne dépasse le seuil critique. Cependant une centaine de feuillets est de trop à mon sens.
Oui car son personnage principal qu'on retrouve avec plaisir est un pur anti héros qui en prend plein la tronche, et qu'on s'y attache rapidement.
Oui car les autres personnages principaux sont convaincants et qu'on prend plaisir à admirer leur rouerie.
Oui car Ciudalia est une ville fascinante où on aime se laisser guider.
MAIS.
Mais le roman souffre de trois bémols principaux.
Déjà les persos secondaires ne sont pas assez travaillés, ce qui dans un bouquin d'une telle densité est vraiment dommage. On aimerait en connaitre bien plus sur la Clarissima ou les Mastiggia par exemple.
Ce qui m'amène au défaut principal: les intrigues de palais, politiques et militaires ne sont pas assez poussées. Quand je lis les louanges sur ce pan du roman, je me demande si ces gens ont lu des romans où les intrigues sont vraiment fouillées. Je pense aux "Guerriers du silence", à "Fondation", "Dune", "Hyperion", ... où les manigances sont complexes mais passionnantes.
Dans "Gagner la guerre" ça reste très light sur ce point. Peut etre parce que je suis habitué à ces romans aux intrigues politico-religieuses de malades.
Enfin, je trouve que finalement la forme, si magnifique soit elle, prend le pas sur le fond. En effet, le monde dans lequel se déroule l'histoire a l'air vaste, mais qu'en connait on vraiment au final ? Ciudalia, Bourg-preux, un peu de forêt, beaucoup de mer, un aperçu des Ressiniens.... sur 1000 pages c'est peu au fond, et on n'a pas d'idée sur la géographie précise de ce monde, les landes grises, les ouromands, les elfes, etc... etant survolés sans plus.
On aurait avoir une vision globale de tout cet univers. Et les 100 pages superflues dont je parlais auraient été parfaites pour cela.
Alors oui je suis exigeant, mais après la claque de "Janua vera", j'en attendais la perfection et surtout un développement plus vaste.
Cependant ne nous meprenons pas. Ce roman est juste excellentissime, et c'est un pur plaisir de parcourir le vieux royaume.
Jaworsky est un surdoué de la fantasy, et de la langue française riche sans être lourde. Longue vie à lui !