Nouveau roman de Norman Spinrad, sur un format court. Comme les trois précédents, il s'agit d'un texte directement publié en France, sans passer par l'édition américaine.
Grève infernale prend pour cadre les enfers, comme son nom le laisse penser, où l'on suit deux hommes fraîchement décédés : Jimmy "le pourri" un ex-syndicaliste et un ex-financier dont je n'ai curieusement pas retenu le nom.
Le récit s'attarde surtout sur Jimmy, qui est envoyé pelleter du charbon aux côtés d'autres figures syndicales américaines. D'abord méprisé par ses collègues car Jimmy a fondé le syndicat des travailleurs temporaires (ces mêmes travailleurs qui ont servi à briser les grèves des autres syndicats), il ne tarde pas à gagner leur respect en initiant un mouvement de grève des travailleurs des enfers, rapidement suivi d'une grève des démons.
Le texte est très plaisant, mettant en scène un Lucifer aigri, dégoûté de devoir faire le sale boulot de Dieu et de ne pas avoir d'autre choix puisqu'il est, depuis la nuit des temps, privé du libre arbitre qui a été octroyé aux Humains.
Le roman s'articule d'ailleurs autour de cette notion de libre-arbitre. Le reproche que j'adresse à ce texte, c'est sa brièveté (un peu moins de 90 pages), qui laisse clairement sur sa faim. On en voudrait plus !
Heureusement, l'ouvrage comprend également une interview de Norman Spinrad, qui revient sur sa carrière d'auteur et sur ses liens avec la France. C'est intéressant, mais il y a mieux !
La dernière partie du livre est constituée d'un texte intitulée : "L'anormale réalité", qui revient sur l'évolution de la société américaine depuis la Grande Dépression jusqu'à la crise de financière 2008.
Comme toujours, son analyse est limpide, de gauche, tout en rappelant que le modèle actuel ne peut pas fonctionner en l'état ad vitam eternam et que, faute de virages radicaux, sa fin pourrait tout aussi bien être violente (comme en Allemagne en 1933) qu'apaisée (comme avec le New Deal aux USA). Il propose donc, dans ce billet d'humeur une solution de sortie de crise,
Rien de révolutionnaire hein : taxation des revenus du capital, meilleure répartition des richesses générées, revalorisation du syndicalisme comme organisme formateur de travailleurs et de citoyens responsables...
On pourra comme souvent lui reprocher une certaine naïveté, mais personnellement, c'est ce que j'aime chez ce Monsieur.