Nous voilà au cœur d’une Guadeloupe en 1840, l’esclavage n’a pas encore été abolie, les familles coloniales sur l’île possèdent donc encore des esclaves, que ce soit pour les plantations de cannes à sucre ou comme domestiques, ils sont toujours bien présents malheureusement et les mauvais traitements qui vont avec également. Alors, c’est un univers assez difficile par bien des égards, parce qu’il est insupportable d’être témoins des châtiments, des règles qui pouvaient avoir cours, aux yeux et au sus de tous, des meurtres même parfois, sans que personne n’agissent, parce que les blancs avaient tous les droits, parce qu’ils étaient leurs propriétés. Mais c’est aussi toute une culture que nous allons côtoyer, avec ses mythes, ses légendes, avec ses traditions aussi, sa cuisine également, ses préjugés aussi, parce qu’ils n’en sont pas exempts eux non plus, parce que les circonstances dans lesquelles ils vivent, les poussent aussi à la haine de l’autre, sans faire de distinction. C’est dans ce cadre, que nous faisons la connaissance de Joséphine, jeune fille qui vient d’arriver sur l’île avec sa famille, elle va malheureusement s’attirer les foudres de tout un peuple et pour pouvoir se sortir de ce mauvais pas, elle devra mettre au jour la vérité autour d’une suite d’empoisonnements. Quel plaisir de retrouver la plume de Guillaume Desgeorge, dans un genre plus réaliste que ce que je connaissais de lui jusqu’à présent, il n’en est pas moins passionnant, bien au contraire, maîtrisant son sujet avec beaucoup de talent, son travail de recherche est d’ailleurs extraordinaire et colle au plus près de la vérité d’une époque. C’est une intrigue passionnante qu’il nous livre, pleine de mystères, une véritable quête de réponses, mais également une enquête à part entière, qui nous plonge au cœur d’un terrible scandale, des manipulations dont les plus riches étaient capables, sous couvert de posséder toujours plus. Quel vent de fraîcheur représente notre héroïne, mais aussi sa relation avec Gabriel, son état d’esprit fait de justice, qui fait fi de la couleur de peau, qui s’attache à l’être humain, plutôt qu’aux apparences, elle saura nous bouleverser par sa volonté sans faille de se battre, quitte à prendre des risques considérables.
En bref : Joséphine et le Soucougnan, c’est un roman historique parfaitement maîtrisé, au travail de recherches extraordinaire, qui nous immerge dans un univers ô combien difficile, parce qu’être témoins de l’esclavage n’a rien d’anodin, mais aussi d’une culture fascinante par sa richesse, le tout, nous livrant un récit passionnant, rythmé de main de maître et extrêmement touchant par les messages véhiculés !
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