Tout ou rien...
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Lire L'action humanitaire de Rony Brauman, livre écrit en 1995, au lendemain des échecs en Somalie, au Rwanda, en Bosnie-Herzégovine et au Kurdistan irakien a-t-il un sens aujourd'hui ? Oui, à condition de placer ce livre dans son contexte, et d'en voir les limites.
Le livre se décompose en deux parties, d'intérêt inégal :
la première partie, "Une histoire tourmentée", revient sur la ggestation de la notion d'intervention humanitaire. Une définition précise est fournie (p. 9 : "l'action humanitaire est celle qui vise, sans aucune discrimination, et avec des moyens pacifiques, à restaurer l'homme dans ses capacités de choix"). On remonte aux racines de la charité chrétienne et des tentatives de paix de Dieu, pour suivre le développement du luthérianisme, puis la naissance du CICR, les premières ONG (Oxfam, etc...) et le développement de "l'humanitaire en uniforme", assuré par des armées. Les développements, synthétiques, vont à l'essentiel, au risque de faire "histoire générale". Mais de tels rappels ne font pas de mal.
La deuxième partie, plus courte, "Entre morale et politique", réfléchit aux contraditions auxquelles doit faire face l'humanitaire à l'aide d'exemples récents des années 1970-1990 : la symbiose ambiguë des mouvements humanitaires avec les médias (qui peut pousser ces derniers à taire d'éventuelles critiques en l'échange de bons procédés, les ONG mettant à leur service leur implantation locale) ; les éternels dilemmes qui peuvent faire tomber l'humanitaire dans l'instrumentalisation au service de politiques de nettoyage ethnique ; la question de la difficile neutralité (est-elle souhaitable ?).
On ne peut qu'aimer la démarche de Brauman, qui consiste à marteler que l'humanitaire n'est pas un outil innocent, qu'il reflète des équilibres géopolitiques, qu'il ne se résoud pas à une dychotomie gentils/méchants, victimes/bourreaux, qu'il a parfois un rôle de bonne conscience, d'antalgique, de service après-vente lorsqu'une puissance a foiré son coup (Rwanda, Bosnie).
Evidemment les choses ont empiré depuis, avec une instrumentalisation des ONG par les évangélistes, les islamistes, la Chine etc... Et l'on a vu, avec les exemples d'Haïti ou du Congo, ce que fait la dépendance aux ONG aux structures de pays : elle les encourage à rester des Etats faillis.
Il faut donc garder à l'esprit que ce livre a été écrit il y a 25 ans et n'est plus "à la page". Mais il permet de mesurer le chemin parcouru depuis : les mises en garde n'ont, hélas, pas été entendues. Et ça fait du bien de relire ces livres des années 1990, peut-être moins denses, mais plus écrits, plus pensés.
L'action humanitaire est une courte synthèse (130 pages) qui survole la genèse de l'idée d'action humanitaire à l'aide de quelques exemples suffisamment développés. Le livre n'est plus à jour mais permet de voir l'état des lieux peu avant les années 2000.
Créée
le 28 juin 2022
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