Buzzati je l'ai découvert au détour du Désert des Tartares. Conquise par la beauté de son histoire et sa description d'une vie faite de solitude et d'attente, sans jamais ennuyer le lecteur, il me tardait bien évidemment d'en lire plus, de me replonger dans son univers.
Avant toute chose, on ne retira pas à Buzzati la qualité de ses titres. Ils sont là tout en suggestion, sans en dévoiler de trop. Merci à 10/18 d'avoir lâché une couverture beaucoup plus sobre que l'espèce de sphinx surréaliste de la couverture du Désert des Tartares chez pocket - qui à mon avis peut tuer la lecture dans l’œuf. Enfin... !
Passons. Ce roman est le quatrième de l'auteur. Il met en scène un petit monsieur qu'on envoie dans une base secrète de l'armée. Il ne sait pas ce qu'on y fait, mais apparemment c'est important, top secret.
La première partie du livre décrit les spéculations du professeur, ses inquiétudes sur ce qu'il va trouver. Si par bonheur on a la chance de commencer le livre sans être salement spoilé par le résumé, on pourra évoluer au même rythme que le protagoniste et goûter au mystère qu'évoque cette base.
Encore une fois, j'aime beaucoup chez Buzzati cette facilité à faire naître le mystère par la description simple mais évocatrice, d'un paysage ou d'une bâtisse. Ajoutez à cela des chapitres particulièrement courts et on obtient une réelle invitation au page-turner.
Comme le roman est court, on arrive en plus très vite à la seconde partie du livre, qui s'axe sur ce qu'est le mystère et ses conséquences.
Pour le coup j'invite les gens qui n'ont pas lu le livre à ne pas lire ce qui suit. Je pense qu'il vaut mieux découvrir ce qu'il y a dans la base par la lecture plutôt qu'en résumé ou critique.
Pour reprendre, la seconde partie du livre dévoile le mystère de la base : les scientifiques ont créé un super cerveau en métal, informe, qui en plus de faire des maths, aurait une "âme" et saurait raisonner.
Donc, ah ! L'image de pierre c'est de la SF (seul roman SF de Buzzati) et on va se retrouver avec une intrigue à la Asimov où tout le nœud de l'histoire est de comprendre les tenants et aboutissements d'un robot capable d'avoir des émotions.
Mais contrairement à son précédant roman où la question de temps qui passe rythme le récit, ici, je n'ai pas trouvé LE truc.
Les personnages ne sont pas particulièrement profonds, Buzzati s'accorde d'ailleurs à les décrire de manière assez succincte, en de petits paragraphes, façon CV.
L'histoire n'est pas non plus singulière et par exemple, Asismov publiait déjà à ce moment là.
Toujours sur l'intrigue, elle ne dégage pas de pistes de réflexions mirobolantes et la conclusion ne vient pas remuer les tombes.
De plus, le ressort du robot qui posséderait en fait la conscience de la femme morte d'un des scientifiques incapable de faire son deuil est juste improbable. Et si finalement, ça n'est pas gênant en soi, les tentatives des personnages de rendre ça plausible, donne au récit un côté téléfilm de mauvais goût.
Je trouve donc le livre très décevant par comparaison avec le désert des Tartares et même sans, les personnages restent à mon goût trop insipides et stéréotypés (la jolie nana, la femme un peu grassouillette mais sympa, le professeur fou, le professeur un peu grassouillé mais sympa, etc), pour que cette lecture me reste en tête et me submerge sur le long terme.
Peut-être en tant que revisite de Frankenstein il y a un truc à creuser... mais pff, non...