Nathalie et François se sont aimés au premier regard, ils se sont tout de suite entendus sur le jus d’abricot ; seulement, après sept ans de vie commune, François meurt brutalement, percuté par une voiture alors qu’il était sorti courir, aussi soudainement qu’il était entré dans la vie de la jeune femme. Nathalie doit alors endurer une longue période de deuil, période durant laquelle elle doit affronter les avances de Charles, son supérieur marié et amateur de krisprolls, la curiosité de Chloé, la compassion de ses collègues, et les reproches de ses parents qui ne comprennent pas son besoin de solitude et la poussent à reprendre sa vie en main. Après un an de veuvage, Nathalie n’a toujours pas trouvé comment réapprendre à vivre et à aimer, jusqu’au jour où, contrariée par une sombre histoire de féminité en talons et de moquette, elle embrasse Markus, un homme timide et maladroit, avant de le congédier sans explications. Mais cet acte gratuit et irréfléchi de Nathalie est une véritable déflagration dans la vie sans remous de Markus qui ne compte pas la laisser s’en tirer sur un simple baiser.
David Foenkinos parvient à traiter d’un sujet grave avec humour et légèreté. Sa narration est entrecoupée d’anecdotes, de citations, de paroles de chansons, de recettes de cuisine finement trouvées, qui viennent ponctuer le récit d’une douce ironie. L’intrigue est simple, linéaire, elle a le charme et la naïveté d’un conte pour enfants. C’est d’ailleurs ce qu’est la Délicatesse à mon sens : un conte de fées moderne où l’on suit le parcours initiatique de Nathalie, femme-enfant au charme indéniable qui a besoin de se reconstruire pas à pas, et sa rencontre avec Markus, un bon gros géant au cœur pur. Il la prend par la main et lui réapprend à rire, à redécouvrir la vie à travers le prisme de l’émerveillement et de la tendresse sous les yeux médusés de ceux privés de ce halo, de cette aura magique et bienfaisante qui entoure nos deux héros - la délicatesse.
Non, David Foenkinos n’est pas le Proust du XXIème siècle ; ses innovations littéraires sont minces et son écriture, loin d’être audacieuse, peut être caractérisée de gentiment lisse. Mais qu’il est bon de ne pas tout intellectualiser ! L’auteur traite ses lecteurs avec douceur et bienveillance, comme il le fait avec ses personnages. La Délicatesse est un petit plaisir coupable qu’on savoure le sourire aux lèvres.